George Gaylord Simpson

Paléontologue américain (Chicago 1902-Tuscon 1984).

« Nous ne pouvons comprendre notre place dans l'univers ni conduire intelligemment nos propres affaires si nous ne savons pas de quel processus évolutif nous sommes le fruit et quelles transformations affectent la vie autour de nous. » Simpson, l'auteur de ces lignes, s'est longuement penché sur le passé des espèces et en a tiré toutes sortes d'enseignements d'ordre scientifique, moral et philosophique, comme en témoigne son ouvrage l'Évolution et sa signification.

Après des études de biologie à l'université du Colorado, il poursuit des études à Yale, où il obtient son doctorat en 1926. L'année suivante, il entre au Musée national d'histoire naturelle, à New York, où s'affirme sa passion pour la paléontologie. Il y sera successivement assistant au conservateur, puis conservateur adjoint et enfin conservateur, de 1942 à 1959. Professeur de paléontologie des vertébrés à Harvard de 1959 à 1976, il enseignera à l'université de l'Arizona jusqu'en 1982. Il a dirigé plusieurs grandes expéditions à la recherche de fossiles, notamment en Patagonie, au Venezuela et au Colorado où, en 1953, il découvre huit crânes d'un animal de la taille d'un chien, ayant vécu au début du tertiaire et considéré comme l'ancêtre du cheval.

Ses travaux ont considérablement enrichi la paléontologie des mammifères et la paléogéographie (c'est-à-dire la géographie des époques anciennes de la terre). Il a publié une grande quantité d'articles scientifiques et écrit de nombreux livres, dont certains s'adressent à un large public. Il savait s'exprimer en termes simples, clairs, et parler de façon vivante des grandes époques géologiques ou des espèces disparues.

Simpson s'est également affirmé comme un esprit scientifique particulièrement novateur. Avec d'autres zoologistes, des botanistes, des généticiens, des mathématiciens et des statisticiens, il a fondé la théorie synthétique de l'évolution qui, apparue dans les années 1930, a été officialisée dans les années 1940.

« Les problèmes fondamentaux de l'évolution, fait-il remarquer, sont si vastes qu'ils ne peuvent être abordés avec chance de succès sous l'angle d'une seule discipline scientifique. » D'où la nécessité d'une synthèse entre différentes disciplines. Ainsi, dans son livre paru en 1944 et intitulé Rythme et modalités de l'évolution, Simpson confronte les résultats de la génétique avec ceux de la paléontologie. La génétique étudie les lois de transmission des caractères héréditaires et les propriétés moléculaires assurant cette transmission. La paléontologie, c'est-à-dire l'observation des fossiles piégés dans les couches géologiques, constitue le témoignage le plus direct sur la manière dont l'évolution des espèces s'est réellement déroulée.

D'après Simpson, de petites mutations telles que l'apparition d'une crête à la surface d'une molaire ou l'allongement du doigt central plus important que celui des autres doigts, par exemple, se sont répandues progressivement et les populations ayant subi ces modifications ont fini par être les seules représentées. C'est ainsi que seraient nées la plupart des nouvelles espèces apparues dans les strates. Pourtant, de grands groupes d'animaux semblent avoir surgi en quelque sorte « brusquement » : on sait par exemple que la plupart des ordres de mammifères sont issus de l'ordre des insectivores, mais on n'a pas trouvé d'espèces fossiles formant cette transition. Bien des incertitudes demeurent donc sur les mécanismes de l'évolution, et la théorie synthétique est loin d'avoir dissipé toutes les zones d'ombre. Simpson le savait mieux que quiconque, lui qui s'avouait fasciné par ce « curieux mélange d'orientation et de hasard » que constitue l'histoire de la vie.

L'éohippus, ancêtre du cheval

L'éohippus, ancêtre du cheval



L'histoire passée des équidés – famille à laquelle appartiennent notamment le cheval et le zèbre – est riche d'enseignements pour ceux qui s'intéressent à l'évolution, et Simpson lui a consacré un ouvrage. L'éohippus (ou Hyracotherium), l'ancêtre du groupe, qui vivait il y a quelque cinquante millions d'années, était un animal forestier de taille modeste (environ 40 cm de haut), avec 4 doigts aux pattes antérieures et 3 aux postérieures et qui se nourrissait de feuilles. L'acquisition de caractères nouveaux (notamment l'apparition d'une petite crête à la surface des molaires, et un doigt central plus long que les deux autres) allait progressivement préadapter ses descendants à un changement de régime et de milieu, pour finalement aboutir au cheval actuel. Pour Simpson, cette évolution n'est linéaire qu'en apparence.