Jean Geiler de Kaysersberg

Prédicateur alsacien (Schaffouse 1445-Strasbourg 1510).

Devenu orphelin à trois ans (son père, notaire impérial à Ammerschwhir, aurait été tué par un ours qu'il tentait de chasser de ses vignes), il fut recueilli par son grand-père à Kaysersberg, puis fit ses études aux universités de Fribourg-en-Brisgau et de Bâle. Nommé prédicateur de la cathédrale de Strasbourg en 1478, il connut aussitôt une popularité immense, et prononça pendant plus de trente ans une centaine de sermons par an (ses sermons attiraient une foule telle que pour lui on dut édifier dans la grande nef, une chaire monumentale qu'on peut encore admirer aujourd'hui). Réglant la durée de ses sermons à l'aide d'un sablier, il pratiquait une sorte de lecture critique et imagée de la réalité quotidienne des Strasbourgeois, développant un cas en 7 à 12 points, avec des exemples concrets, dans un style souvent imagé et savoureux, où vignes et vignerons avaient une grande place.

Précurseur du courant humaniste, s'inspirant souvent du Narrenschiff (la Nef des Fous) de Sébastien Brant, il stigmatisait avec un humour acéré la corruption de l'Église, l'immoralité des mœurs et la méchanceté du monde, préconisait l'assistance aux malades, aux condamnés à mort et une répartition équitable des aides publiques. Ses sermons en faveur d'une vie chrétienne simple mais profonde furent publiés après sa mort.