Francisco Alves Mendes Filho, dit Chico Mendes

Paysan syndicaliste et écologiste brésilien (Porto Rico, État de l'Acre, 1944-Xapuri, Acre, 1988).

Le père de Chico Mendes s'installa dans l'Acre, aux confins du Brésil, du Pérou et de la Bolivie, en 1926, comme ouvrier agricole pour la production de latex. Son fils Francisco, surnommé Chico, naquit au moment où l'industrie du latex rentrait en crise : la fin de la Seconde Guerre mondiale entraîna en effet la chute des besoins des militaires américains en caoutchouc. Chico Mendes apprit à lire, ce qui était exceptionnel vu son origine sociale, et prit part, dans les années 1970, à la lutte contre les routes transamazoniennes, qui chassaient les tribus amérindiennes et les seringueiros (cueilleurs de latex) de leur habitat et entraînaient des conséquences catastrophiques pour l'écosystème amazonien – érosion rapide des sols due à la déforestation et à l'introduction consécutive de troupeaux de zébus. Il s'opposa notamment au barrage sur le Tocantins, un affluent de l'Amazone, destiné à approvisionner Manaus en électricité – ce barrage, le quatrième du monde par son ampleur, est désormais considéré comme une erreur tant sur le plan économique que social –, ainsi qu'à l'autoroute BR-364 reliant le Mato Grosso au Rondonia, projet financé par la Banque mondiale – cette dernière reconnut elle-même, dans son Rapport annuel 1999, que « par suite du déboisement rapide, la plaine fluviale de l'Amazone, d'une grande richesse biologique, est devenue l'habitat le plus menacé du bassin amazonien », tandis qu'elle mit sur pied, en 1998, un « projet d'urgence de prévention et de maîtrise des incendies dans le bassin amazonien », les incendies étant l'une des méthodes de déboisement couramment utilisées pour ouvrir le passage des voies transamazoniennes, ainsi que pour transformer la forêt en pâturage.

Mendes participa à la fondation du Conseil national des seringueiros. En 1987, il se rendit aux États-Unis, où il rencontra des membres de la Banque mondiale ; il proposa de cesser la construction des autoroutes, de créer des réserves naturelles dans lesquelles seraient protégées les différentes plantes de la forêt amazonienne ainsi que les tribus amérindiennes. La même année, il reçut des Nations unies le prix Global 500, et obtint le prix de la Better World Society (Société pour un monde meilleur), créé par Ted Turner, de la chaîne de télévision CNN.

À la suite d'autres dirigeants syndicalistes brésiliens, tel Wilson Pinheiro, assassiné en 1980, Chico Mendes fut assassiné le 22 décembre 1988 à Xapuri (Acre). En 1990, les propriétaires terriens Darcy et Darly Alves da Silva furent reconnus coupables de ce meurtre et condamnés à dix-neuf ans de prison ; ils s'évadèrent mais furent repris en 1993.