François Darlan
Amiral et homme politique français (Nérac 1881-Alger 1942).
Fidèle exécutant du maréchal Pétain
Fils d'un ministre de la IIIe République, sorti de l'école navale en 1901, Darlan participe à la Première Guerre mondiale à la tête d'une batterie de canonniers marins. Directeur du cabinet de Georges Leygues de 1926 à 1928, puis de 1929 à 1934, il est l'artisan du renforcement et de la réorganisation de la marine de guerre française à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Après avoir commandé l'escadre de l'Atlantique de 1934 à 1936, il est nommé chef d'état-major général de la marine et reçoit, en 1939, le titre d'amiral de la flotte – créé pour lui donner un rang équivalent au Premier Lord de la Mer en Angleterre – dans la coalition franco-britannique. Il commande en chef les forces navales françaises en 1939-1940 et devient ministre des Marines marchande et militaire dans le gouvernement du maréchal Pétain du 16 juin 1940. C'est à ce titre qu'au moment de la conclusion de l'armistice, il donne ordre à la flotte de se saborder plutôt que de passer aux mains de l'ennemi allemand, consigne qui sera appliquée deux ans plus tard dans la rade de Toulon.
Après le renvoi de Pierre Laval en décembre 1940, Darlan devient vice-président du Conseil du gouvernement de Vichy. Successeur désigné de Pétain, il a avec Hitler deux entrevues : l'une le jour de Noël 1940 à Beauvais, l'autre le 12 mai 1941 à Berchtesgaden. À la suite de cette dernière, il signe à Paris, le 27 mai 1941, un protocole, dit « Darlan-Warlimont », ouvrant aux Allemands de larges possibilités dans les ports français d'Afrique, notamment à Casablanca, Bizerte et Dakar. Ce protocole est repoussé le 3 juin par le gouvernement de Vichy.
Changement de cap
Au début de l'année 1942, Darlan se rallie à une politique résistance diplomatique et oppose une série de refus aux Allemands, qui exigent son départ et son remplacement par Laval. Dès le retour de ce dernier au gouvernement (18 avril 1942), Darlan démissionne de ses fonctions gouvernementales, mais reste commandant en chef des armées de terre, de mer et de l'air.
Il se trouve à Alger lors du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942). Le 10, il conclut un armistice avec le commandement américain; le 13, informé de l'« accord intime du maréchal », il ordonne aux forces françaises de se battre contre les troupes de l'Axe. Le 14, il se proclame haut-commissaire dépositaire de la souveraineté française en Afrique du Nord « au nom du maréchal Pétain empêché ». C'est lui qui règle, avec le général américain Clark, les rapports entre les autorités françaises et américaines en Afrique, par les accords du 22 novembre 1942. Le 24 décembre, il est assassiné à Alger par un jeune étudiant royaliste, Bonnier de La Chapelle.
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