Emmanuel Cabut, dit Mano Solo
Auteur-compositeur et chanteur français (Châlons-sur-Marne 1963-Paris 2010).
Mano Solo, fils du dessinateur Cabu et d'Isabelle Monin, créatrice du journal écologiste La gueule ouverte, grandit au sein d'une famille très engagée politiquement. Passionné par la musique et le dessin, c'est un adolescent sensible et déjà préoccupé par les affres de l'existence qui fonde avec quelques copains un groupe punk, les Chihuahuas. Grâce à l'effervescence artistique et intellectuelle des années 1980, Mano Solo met à profit ses talents de peintre et de dessinateur en rejoignant un collectif d'artistes peintres avec lequel il exposera. Il crée également son propre fanzine, La Marmaille nue, puis préfère s'exiler en province, où il couchera sur le papier sombre de ses pensées sa rage, sa peur, sa révolte, ses incompréhensions face à un monde qu'il juge dominé par l'argent et la réussite. C'est un écorché vif qui enregistre en 1993 son premier album solo, La Marmaille nue, vendu à plus de 100 000 exemplaires, où il raconte la drogue et la délinquance de son adolescence. Le public répondra présent lors de son premier Olympia en 1994 et l'année suivante lors de la sortie de son deuxième album, Les années sombres. Il s'impose alors très vite comme un poète sur la scène de la chanson française, alliant la chanson réaliste et le rock alternatif. La sincérité, la force et la maîtrise qui émanent de ses textes poignants de vérité fédèrent autour de lui un public fidèle. C'est ainsi que les concerts s'enchaînent dans toute la France et que Mano Solo, la voix éraillée, écorchée, crie ses chagrins, ses peines, son désespoir, ses envies, sur des mélodies aux airs de tango, de blues et de jazz. Artiste très prolifique, il publie en 1995 un recueil de poèmes, Je suis là et un roman, Joseph sous la pluie, en 1996, sans délaisser pour autant la peinture, le dessin et la musique. En 1997, il publie Je sais pas trop, nouvel album enregistré sur scène, suivi par un double live en acoustique, Internationale Shalala Tourtour. Le révolté s'apaise enfin, chante des textes plus sereins sur des mélodies empruntées aux sonorités musicales de l'Amérique latine et de l'Afrique. Passionné par le monde de l'image, il accompagne son album, La Marche, sorti en 2002, d'un DVD où figurent des animations en images de synthèses créées par un Mano Solo au faîte des nouvelles technologies. En 2004, le poète et l'être déchiré qui subsiste en lui édite Les Animals et s'essaie sans succès à l'autoproduction avec l'album The Garden. Un dernier album est sorti le 28 septembre 2009, Rentrer au port.
C'est un homme généreux, à l'écoute des autres et sensibles aux dérives sociales qui milite depuis des années dans le milieu associatif. Pendant deux ans, il anime sur Aligre FM, une émission de radio qui donne la parole à toute une frange de la population qui s'engage pour plus d'humanité.
Atteint du sida, il se soignait depuis de nombreuses années par la trithérapie. Hospitalisé après son dernier concert à Paris le 12 novembre 2009, il est décédé le 10 janvier 2010 à l'âge de 46 ans.