Desmond John Morris

Zoologiste britannique (Purton, Wiltshire, 1928).

« Il existe cent quatre-vingt-treize espèces vivantes de singes… Cent quatre-vingt-douze d'entre elles sont couvertes de poils. La seule exception est un singe nu qui s'est donné le nom d'Homo sapiens. » Au début de l'introduction du plus populaire de ses ouvrages, le Singe nu, Desmond Morris entre de plain-pied dans son sujet : l'homme est un singe, n'en déplaise à ceux qui voient en lui une espèce nouvelle, plus noble, issue du processus de l'évolution. Dans son livre, il étudie les mœurs de ce mammifère avec la pénétrante lucidité, la précision scientifique et le sens du comique qui le caractérisent.

Élevé dans une grande maison à la campagne, Desmond Morris a été, durant toute son enfance, entouré d'animaux. Un jour, il trouve, dans le grenier de ses parents, un microscope ancien. Il se passionne d'emblée pour ce jouet d'un nouveau genre, qui lui permet d'entrer, comme il le racontera plus tard, dans un « royaume secret », peuplé de « flagelles ondulants, de cils vibratiles, où les cellules se divisent, les antennes se contractent, de minuscules organes palpitent ». En grandissant, il commence à s'intéresser aux animaux sauvages plus qu'aux animaux domestiques. Au collège, il se passionne pour la zoologie et pour les arts plastiques. Sur l'insistance de sa famille, il envisage de commencer sa médecine, mais il échouera aux examens d'entrée. Après avoir effectué son service militaire en tant que « professeur d'art », il va étudier la zoologie à l'université de Birmingham, puis à celle d'Oxford. Sous la supervision du célèbre éthologiste Nikolaas Tinberghen, il publie en 1952 son premier article scientifique, qui porte sur « l'homosexualité des épinoches à dix épines dorsales ». La même année, il se marie avec une étudiante, Ramona, qui partage sa passion pour les animaux et signera avec lui plusieurs livres.

De 1956 à 1959, Desmond Morris dirige le service des émissions de télévision rattaché au zoo de Londres. Il devient ensuite directeur du département des mammifères de ce zoo où l'on en compte quelque trois cents espèces. Il racontera dans un livre, la Fête zoologique, ses mésaventures avec les animaux. L'un des épisodes les plus savoureux de l'ouvrage est celui se rapportant aux délicates négociations qui précédèrent la tentative d'union entre le panda femelle du zoo de Londres, Chi-Chi, et le panda mâle du zoo de Moscou, An-An, dans l'atmosphère d'espionnage des années 1960. En 1965, il publie les Mammifères, guide des espèces vivantes ; il y recense 4 237 espèces actuelles. En 1967, il donne sa démission du zoo de Londres et devient directeur de l'Institut des arts contemporains. Cette année-là, paraît le Singe nu, suivi, deux ans plus tard, par le Zoo humain. Pour Desmond Morris, le « zoo humain » est la ville, où les primates chasseurs que nous sommes s'enferment, de plus en plus nombreux, pour mener une existence absurde, en totale contradiction avec tous les impératifs biologiques de l'espèce. Morris écrira par la suite, aussi bien des ouvrages sur l'art ou sur le langage corporel (Biologie de l'art, la Clé des gestes, par exemple) que sur le comportement des animaux (Parlons chat, le Chat révélé, le Chien révélé, le Cheval révélé…) qui témoignent de sa connaissance approfondie de la psychologie de nos fidèles compagnons.

Congo, peintre abstrait

Congo, peintre abstrait



Dans deux de ses livres, Hommes et Singes (Stock) et la Fête zoologique (Calmann-Lévy), Desmond Morris évoque les expériences qu'il a faites avec un chimpanzé d'une grande intelligence et d'une remarquable habileté manuelle, Congo. Celui-ci exécuta en moins de trois ans près de quatre cents peintures ou dessins. Il « travaillait » avec plaisir une demi-heure par jour mais pas davantage. Même si ses « œuvres » ne furent jamais autre chose que des gribouillis abstraits, Congo n'en possédait pas moins, selon Morris, un certain « sens esthétique ». Au bout de quelques semaines d'entraînement, il parvint à tracer des cercles à peu près ronds. Son dessin le plus remarquable représente un cercle avec des traits à l'intérieur. Or, chez l'enfant, cette étape est celle qui précède immédiatement la première ébauche de représentation du visage, où les traits sont disposés de manière à figurer les yeux, le nez, la bouche…