Marcel Bloch, puis Dassault

Ingénieur, constructeur aéronautique et homme d'affaires français (Paris 1892-Neuilly-sur-Seine 1986), frère de Paul Dassault.

Les premiers succès

Dès son jeune âge, Marcel Bloch s’intéresse aux nouveautés technologiques et, notamment, à l’électricité. Son intérêt pour l’aviation s’éveille en 1909, lorsqu’il est témoin du premier survol de Paris en aéroplane, par Charles de Lambert (1865-1944). Après son baccalauréat (1910), il entre à l’école Breguet, dont il sort avec un diplôme d’ingénieur électricien en 1912. Il intègre ensuite l’École supérieure d’aéronautique et de construction mécanique. Diplômé en 1913, il est incorporé de droit, pour son service militaire, dans un régiment d’aviation du génie, puis affecté au Laboratoire de recherches aéronautiques de Chalais-Meudon (1914), où il rencontre Henry Potez, avec qui il se lie d’amitié. En 1915, tous deux sont détachés pour mettre au point les plans et coordonner la fabrication de l’avion Caudron G3. Une fois cette tâche accomplie, Marcel Bloch est affecté la réception des essais en vol des avions Farman, à Buc. À titre personnel, il entreprend d’améliorer l’hélice du Caudron G3, dont il a constaté le médiocre rendement, et met ainsi au point une nouvelle hélice en bois, qu’il appelle « Éclair ». Après essais, celle-ci est adoptée par l’armée pour équiper ses avions de chasse. Une Société des hélices Éclair est créée, dont Marcel Bloch et Henry Potez sont nommés directeurs techniques. La production est confiée à Hirch Minckès, père d’un ami de Marcel Bloch et fabricant de meubles dont l’atelier a déjà servi à la mise au point du prototype. Marcel Bloch ne se contente pas de ce succès. Désireux de se lancer dans la construction d’avions, il s’associe à Henry Potez pour fonder la Société d’études aéronautiques, avec l’aide financière d’un ami de sa famille. Leur premier appareil est un échec, les deux suivants restent à l’état de projet, mais le quatrième (SEA 4) séduit le ministre de l’Armement et des fabrications de guerre, qui en commande 1 000 exemplaires. Malheureusement, la guerre s’achève lorsque l’avion de série sort d’usine, le 11 novembre 1918, et le marché est résilié. En 1919, Marcel Bloch épouse la fille de Hirch Mincklès et abandonne la construction aéronautique pour se consacrer à la fabrication de meubles.

De l'aviation à la presse et à la politique

Marcel Bloch revient à l’aviation en 1930, avec une nouvelle équipe. Mais, en 1936, le gouvernement du Front populaire nationalise sa société et la regroupe avec d’autres sociétés aéronautiques pour constituer la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (S.N.C.A.S.O.). Marcel Bloch crée aussitôt une nouvelle société, la Société anonyme des avions Marcel Bloch, dont les appareils seront construits en série par la S.N.C.A.S.O. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ayant refusé de collaborer avec les forces d’occupation, il est arrêté avec sa famille, interné à Lyon, au fort Montluc, puis transféré au camp de Drancy et déporté à Buchenwald en 1944. Après la fin des hostilités, il reprend sa carrière de constructeur d’avions en tant que président de la S.N.C.A.S.O. Pour oublier la période sombre de la guerre, il décide de changer de nom. Il adopte en 1946 le patronyme de Bloch-Dassault puis, en 1949, celui de Dassault (déformation du nom de code « char d’assaut » donné à son frère Paul dans la Résistance). Il diversifie ses activités en devenant patron de presse (Semaine de France puis Jours de France) et homme politique (successivement député R.P.F. puis républicain social des Alpes-Maritimes [1951-1955], sénateur républicain social de l’Oise [1957-1958], député U.N.R. puis R.P.R. de l’Oise [1958-1986]). L’empire industriel, commercial et financier bâti par Marcel Dassault, devenu Groupe Dassault en 1990, comprend principalement aujourd’hui le groupe de construction aéronautique Dassault Aviation, la société de produits logiciels d’aide à la conception et à la fabrication industrielles Dassault Systèmes et un groupe de presse dont le fleuron est le quotidien le Figaro.