Ante Ciliga

Essayiste, publiciste, historien du monde slave et des Balkans, ancien militant communiste puis dissident (Segatici, Croatie, 1898-Zagreb 1992).

Issu d'une famille paysanne croate d'Istrie, Ciliga prit part très tôt à des activités anti-autrichiennes. Mobilisé en 1917, il fut membre du Parti social-démocrate (1918), participa au « Conseil national » et devint communiste après son voyage dans la Hongrie de Béla Kun. Secrétaire du Parti communiste pour la Croatie en 1922, il fut expulsé par le gouvernement de Belgrade en raison de ses activités politiques (1925), et s'établit à Vienne où, en tant que représentant du parti yougoslave et membre du bureau balkanique du Komintern, il assura la liaison entre le Komintern et Belgrade. Envoyé à Moscou en 1926 pour enseigner à l'École du Parti, Ciliga perdit rapidement ses illusions sur le communisme dans sa variante stalinienne et rejoignit les rangs de l'opposition animée par Trotski, Zinoviev et Kamenev. Arrêté en mai 1930, il passa trois ans dans les prisons de Leningrad, de Tchéliabinsk, avant d'être déporté en Sibérie à Krasnoïarsk et Ienisseïsk. Expulsé en 1935, il gagna Paris après un bref séjour en Tchécoslovaquie.

De retour en Yougoslavie, Ciliga fut à nouveau arrêté, une première fois en 1937 sur ordre du chef de la section anticommuniste (en réalité un agent communiste), une seconde fois en décembre 1941 par les oustachis qui l'envoyèrent dans le camp de Jasenovac. Entre ces deux arrestations, Ciliga était reparti à Paris.

Libéré en 1942, il vécut ensuite en exil en France et en Italie avant de rentrer en Yougoslavie.

Considéré comme un des meilleurs spécialistes de l'histoire du stalinisme (Dix ans au pays du mensonge déconcertant, Lénine et la révolution, l'Insurrection de Kronstadt et la destinée de la révolution russe), il développa ses thèses sur la nécessité d'une unification politique mondiale. Il s'agissait selon lui que les États nationaux constituent des unités de base, des cellules autonomes et égales en droit au sein d'une structure mondiale, supranationale. Partisan d'une Yougoslavie dans laquelle serait réalisée une pleine et réelle égalité entre les nationalités, Ciliga ne cessa de dénoncer les risques d'une hégémonie serbe, face aux non-serbes de la fédération (la Yougoslavie sous la menace intérieure et extérieure, 1951, Crise d'État dans la Yougoslavie de Tito, 1974, le Labyrinthe yougoslave. Le passé et l'avenir des nations balkaniques, 1983).