Charlie Christian

Guitariste de jazz américain (Dallas 1916-New York 1942).

Il fut l'un des premiers à utiliser la guitare électrique, il émancipa l'instrument de son seul rôle rythmique et contribua au développement du be-pop.

En dépit de sa trop courte carrière- environ cinq ans, car il meurt de tuberculose à l'âge de vingt-six ans-, Charlie Christian aura notamment su imposer la guitare électrique comme instrument soliste (elle avait avant lui un rôle rythmique dans les grands orchestres où elle était rarement employée en solo, à cause de son faible volume sonore), il aura influencé tous les guitaristes (Django mis à part) qui suivront et participé avec Monk, Gillespie, Parker et quelques autres aux séances qui, dans les clubs de Harlem en 1941, donneront naissance au be-bop.

On retiendra de sa façon de jouer le renouvellement des conceptions de l'accompagnement et de l'improvisation, l'équilibre de ses innovations harmoniques (accords de passage, fréquent usage de la septième mineure) et de ses audaces mélodiques, un emploi du phrasé legato, un « style saxophone » peut-être hérité de Lester Young. Dans ses solos, il insistera sur une note déterminée, développera des riffs gorgés de swing, assurera une mise en place rigoureuse (il marque les quatre temps avec souplesse), que ponctuent parfois des breaks impressionnants. Sa sonorité, percutante à l'attaque mais toute en rondeur, inimitable, reconnaissable dès les premières notes, reste l'une des plus belles de l'instrument.

C'est à la contrebasse que Christian débute dans le métier de musicien, après s'être initié à la trompette, au saxophone et au piano ; devenu guitariste, il sillonne le Middle West dans divers orchestres. En 1937, il rencontre le guitariste Eddie Durham, qui, le premier, avait utilisé la guitare électriquement amplifiée dans l'orchestre de Jimmie Lunceford (1935-1937). La pianiste Mary Lou Williams, impressionnée par le jeune prodige, téléphone au producteur John Hammond, qui le recommande à Benny Goodman qui l'engage ; il restera dans l'orchestre de 1939 jusqu'à sa mort, participant à de nombreux concerts (le second From Spirituals to Bop) et séances d'enregistrement en big band, sextette (Waiting for Benny du 13 mars 1941) ou quintette.

Ses interventions dans les groupes du clarinettiste lui apportent la notoriété (premières places aux référendums) ; sitôt les concerts terminés, il se précipite au Monroe's Uptown House ou au Minton's Playhouse, où l'attendent ses amis boppers, pour d'interminables jam-sessions. Fatigué, il entre à l'hôpital en juillet 1941 ; on croit à une guérison rapide, mais il meurt quelques mois après au sanatorium municipal de Seaview. Le jazz venait de perdre celui qui, avec Django Reinhardt, demeurerait un modèle pour tous les guitaristes des années à venir.