Catherine Théot

Visionnaire française (Barenton, Manche, 1716 ?-Paris 1794).

Cette femme, qui se faisait appeler la mère de Dieu, se disait destinée à enfanter, à l'âge de 70 ans, le nouveau Messie dont le trône s'élèverait en face de l'église Sainte-Geneviève et serait vu de tout l'univers. Libérée, après un séjour à l'hôpital de la Salpêtrière où ses vaticinations l'avaient conduite, elle reprit son rôle de prophétesse pendant la Terreur, voyant dans Robespierre, après l'institution du culte de l'Être suprême, le précurseur du Messie qu'elle devait enfanter. Les déchristianisateurs, plus ou moins appuyés par certains membres du Comité de sûreté générale (en particulier Vadier et Barrère), s'efforcèrent de faire passer Robespierre pour le protecteur et le complice de cette illuminée, aspirant à la dictature pour faire rouvrir les églises au culte catholique.

Cette accusation joua peut-être un certain rôle dans la chute de Robespierre qui, après s'être retiré quelque temps de l'activité politique, aborda le sujet de ce prétendu complot dans son dernier discours prononcé devant la Convention, le 8 thermidor : « La première tentative que firent les malveillants fut de chercher à avilir les grands principes que vous aviez proclamés [le culte de l'Être suprême], et à effacer le souvenir touchant de la fête nationale. Tel fut le but du caractère et de la solennité qu'on donna à ce qu'on appelait l'affaire de Catherine Théot. La malveillance a bien su tirer parti de la conspiration politique cachée sous le nom de quelques dévotes imbéciles, et on ne présenta à l'attention publique qu'une farce mystique et un sujet inépuisable de sarcasmes indécents ou puérils. Les véritables conjurés échappèrent, et on faisait retentir Paris et toute la France du nom de la mère de Dieu. Au même instant, on vit éclore une multitude de pamphlets dégoûtants, dignes du père Duchesne, dont le but était d'avilir la Convention nationale et le tribunal révolutionnaire, de renouveler les querelles religieuses, d'ouvrir une persécution aussi atroce qu'impolitique contre les esprits faibles ou crédules imbus de quelque ressouvenir superstitieux. »

Après le 9 thermidor. Catherine Théot fut enfermée à la Conciergerie, où elle mourut.