Catherine Millet
Critique d’art et écrivaine française (Bois-Colombes 1948).
Cofondatrice, avec le galeriste Daniel Templon, de la revue mensuelle d’art contemporain Art Press (1972), Catherine Millet affiche ses convictions dès son premier éditorial en dénonçant l’approche journalistique en art (elle lui reproche son goût pour l’anecdotique), l’avant-gardisme (qui ne prend pas en considération l’histoire de l’art) et la tentation du luxe (qui consiste à faire une revue qui ne s'adresse qu'aux antiquaires).
Art Press, bilingue depuis 1992, est aujourd’hui une revue de référence dans le domaine de l’art contemporain international. Rédactrice en chef de la revue depuis le premier numéro, Catherine Millet est par ailleurs l’auteur d’essais sur l’art (Textes sur l’art conceptuel, 1972 ; l’Art contemporain en France, 1987 ; l’Art contemporain, 1997 ; l’Art contemporain : histoire et géographie, 2006) et de monographies sur des artistes (Yves Klein, 1983 ; François Arnal, 1998 ; Dalí et moi, 2005).
En 2001, elle s’aventure, avec succès, dans les contrées littéraires de l’autobiographie : la Vie sexuelle de Catherine M. – récit dans lequel elle expose sans fard ni tabou sa prédilection pour une sexualité solitaire et fantasmée (masturbation) ou pour une sexualité de groupe – a un fort retentissement, tant en France qu’à l’étranger où le livre sera traduit dans plus d’une trentaine de langue. « J’avais envie dire, explique l’auteur, la vérité d’une expérience sexuelle sans idéalisation. J’ai toujours combattu les discours puritains, mais j’étais aussi agacée par les discours hédonistes sur la sexualité ; je voulais être entre les deux, mettre à plat une expérience par un témoignage qui ne condamnerait pas, ni n’en ferait l’apologie. » La même année, son mari, l’écrivain Jacques Henric, publie Légendes de Catherine M. : des photographies qu’il a prises de sa femme nue y servent de pendant à une réflexion portant notamment sur le rapport entre l’image et l’écrit, entre le fantasme et la création.
Après une relecture des Contes de Perrault (Riquet à la houppe, Millet à la loupe, 2003), Catherine Millet poursuit son cheminement autobiographique dans Jour de souffrance (2008), récit intime dans lequel elle évoque les tourments de la jalousie, qu’elle abhorre et adore dans une même fascination. Car, dit-elle encore, « la jalousie c’est une douleur exquise, une autre façon de jouir, de vivre plus intensément. »