Carl von Ossietzky
Écrivain et publiciste allemand (Hambourg 1889-Berlin 1938).
Dès 1913, il se fit connaître par un article critiquant une décision judiciaire en faveur de l'armée. Durant la Grande Guerre, il combattit dans un régiment bavarois ; à la fin du conflit, devenu pacifiste, il fonda à Hambourg Der Wegweiser (« le signal »), organe local de la Société allemande pour la Paix. Il en fut nommé peu après secrétaire national, et, en 1920, dota l'organisation d'un nouvel organe, le Monisten Monatsheften, qu'il dirigea et dans lequel il écrivit sous le pseudonyme de Thomas Murner. Il donna en outre des articles en faveur de la paix à divers journaux, comme le Tagebuch ou le Berliner Volkszeitung, ainsi que, à partir de 1927, un hebdomadaire libéral et pacifiste, Die Weltbühne (« la scène mondiale »). Il devint directeur de ce périodique à la mort de son fondateur, Siegfried Jacobsohn. Il continua à dénoncer les entreprises de réarmement de la Reichswehr, et fut condamné en 1927 à un mois de prison pour un article mettant en évidence les liens entre l'armée allemande et les organisations paramilitaires, alors extrêmement actives en Allemagne. Poursuivant sa campagne pacifiste, il publia un nouvel article dénonçant le réarmement allemand, lequel violait le traité de Versailles. Il fut alors accusé de divulgation de secrets militaires et condamné en novembre 1931 à dix-huit mois de prison. Il fut libéré au début de 1933, et arrêté de nouveau le 28 février, en application de la loi sur la « protection du peuple et de l'État », promulguée au lendemain de l'incendie du Reichstag. Il fut interné au camp de concentration de Sonnenburg, puis dans celui de Esterwegen-Papenburg. Soumis aux travaux forcés, il s'affaiblit considérablement.
Helmut von Gerlach, secrétaire de la Ligue allemande pour les droits de l'homme, le proposa en 1934 pour le prix Nobel de la paix, qu'il obtint l'année suivante. Les nazis exigèrent qu'il renonçât à son prix, ce qu'il refusa ; ils l'empêchèrent alors de se rendre à la cérémonie officielle de remise du prix en Norvège, et interdirent à tout Allemand de recevoir un prix Nobel. Il semble en outre que les autorités allemandes aient réussi à s'emparer du montant du prix en accusant l'avocat d'Ossietzky, qui avait reçu le prix en son nom, de détournement de fonds.
Gravement malade, épuisé par les travaux forcés, Ossietzky fut transféré dans un hôpital-prison, puis un établissement privé, à Berlin, où il mourut de tuberculose en mai 1938.