Béatrix Beck
Femme de lettres française d'origine belge (Villars-sur-Ollon, Suisse, 1914-Saint-Clair-sur-Epte, Val-d'Oise, 2008).
Fille de l’écrivain belge Christian Beck (1879-1916), elle obtient une licence en droit avant d’enseigner au Petit Collège de l'Île-de-France. Mariée en 1936 à un ingénieur juif rencontré aux Jeunesses communistes, Naum Szapiro, elle ne tarde pas à connaître le malheur : veuve dès avril 1940, rattrapée par la misère, elle survit en exerçant divers métiers. Devenue secrétaire d'André Gide (1950-1951) – naguère ami de son père – qui encourage ses débuts littéraires, elle est couronnée par le jury du prix Goncourt pour Léon Morin, prêtre (1952), dans lequel elle fait dialoguer, durant l'Occupation, un prêtre et la jeune veuve de guerre d'un Juif communiste. Ce roman sera adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville en 1961 (voir Léon Morin, prêtre), avec Jean-Paul Belmondo et Emmanuelle Riva dans les rôles-titres, puis à la télévision par Pierre Boutron en 1991, avec Nicole Garcia et Robin Renucci.
Après les années 1950, tout en écrivant pour la presse (Elle, l'Express, la Revue de Paris), Béatrix Beck entreprend, à travers son personnage et double favori, Barny (1948), de faire remonter à la surface de l'écriture romanesque son passé tourmenté ainsi que les tentations et les images qui l'épouvantent et la fascinent (Une mort irrégulière, 1950 ; Des accommodements avec le ciel, 1954 ; le Muet, 1963 ; Cou coupé court toujours, 1967). Naturalisée française en 1955, membre du jury Femina (dont elle est démissionnaire en 1960 pour protester contre un livre primé qu’elle juge antisémite), enseignante aux États-Unis puis au Canada (1966-1977), elle cesse d’écrire durant une dizaine d’années, avant de renouer avec le succès en 1979 avec la Décharge, qui obtient le prix du Livre Inter.
Dès lors, elle ne cesse d’enrichir son œuvre : Devancer la nuit (1980), Josée, dite Nancy (1981), l'Enfant chat (1984), Stella Corfou (1988), Un [e] (1989), Une lilliputienne (1993), Moi ou les autres (1994). Lauréate du grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 1997, elle publie encore Plus loin mais où (1997), Confidences de gargouille (1998), un recueil d'entretiens avec Valérie Marin La Meslée, Guidée par le songe (id.), un recueil de nouvelles, et la Petite Italie (2000), dédié à sa fille Bernadette décédée l’année précédente.