Amélie Nothomb
Romancière belge de langue française (Kobe, Japon, 1967).
Son œuvre abondante, à la frontière entre drôlerie et tragique, alterne romans (Hygiène de l'Assassin, 1992 ; Péplum, 1996 ; le Voyage d’hiver, 2009) et autofictions (le Sabotage amoureux, 1993 ; Stupeur et tremblements, 1999 ; Métaphysique des tubes, 2000 ; Biographie de la faim, 2004).
« Une graphomane malade de l’écriture »
Issue de l’aristocratie belge, elle passe une enfance sous le signe du voyage au gré des affectations professionnelles de son père, ambassadeur de Belgique. Elle séjourne ainsi successivement au Japon (1967-1972), en Chine, à New York ou encore en Asie du Sud-Est. Revenue sur la terre de ses ancêtres (1984), elle y achève ses humanités puis entame des études de philologie à Bruxelles, non sans ressentir une profonde solitude au contact d’un monde occidental qu’elle ne sait pas comment appréhender. Imaginant un temps devenir interprète (en japonais), elle se met finalement à écrire. En 1992, elle publie son premier roman, Hygiène de l'assassin, premier succès régulièrement confirmé depuis. Le livre sera adapté pour le grand écran par François Ruggieri en 1999, avec Jean Yanne et Barbara Schulz dans les rôles titres.
Offrant la part belle au dialogue (les Catilinaires, 1995 ; Péplum, 1996 ; Mercure, 1998), ou écrivant directement pour la scène (les Combustibles, 1994), Amélie Nothomb cultive l'aphorisme, la pointe ironique et le grincement cocasse. Plusieurs récits empruntent à l'expérience autobiographique : l'enfance à l'ambassade au Japon dans le Sabotage amoureux (1993) ; les relations de travail au sein d'une entreprise nipponne dans Stupeur et tremblements (1999, Grand Prix du roman de l'Académie française ; roman adapté au cinéma par Alain Corneau en 2003, avec Sylvie Testud dans le rôle d’Amélie) ; les premiers moments de l'existence dans Métaphysique des tubes (2000) ; la relation de tendresse et de connivence qu’elle entretient avec sa sœur dans Biographie de la faim (2004).
Tous mêlent l'étude psychologique et morale à la dimension parabolique : l'œuvre du vieil écrivain odieux et cynique d'Hygiène de l'assassin cache mal une pulsion criminelle ; les Catilinaires ébranlent les fondements inconscients de l'harmonie sociale ; Attentat (1997) explore les démêlés du psychologique et du physiologique ; Cosmétique de l'ennemi (2001) met en scène le dédoublement du rapport à soi. Écrivant « 3,7 romans par an » et soutenant un rythme de publication élevé (un roman par an, présenté généralement en France à l’office de septembre), jouant de la médiatisation de son personnage et pratiquant une autodérision de bon aloi, elle s’impose comme l’une des figures incontournables de la littérature de langue française de ce début de xxie siècle (Acide sulfurique, 2005 ; Journal d’hirondelle, 2006 ; Ni d’Ève ni d’Adam, 2007, Prix de Flore ; le Fait du prince, 2008 ; le Voyage d’hiver, 2009). En 2008, succédant à Pascal Quignard et à Jacques Chessex, elle a été lauréate du Prix Jean-Giono, décerné à un écrivain ayant particulièrement œuvré pour le genre romanesque.