Addison Emery Verril

Zoologiste et géologue américain (Grenwood, Maine, 1839-Santa Barbara, Californie, 1926).

À 13 ans, il a déjà étudié la composition des roches tout autour de sa ville natale. Il commence alors à rassembler une collection de plantes qui se monte à quelque mille espèces et dont il se souvient dans les moindres détails jusqu'à la fin de sa vie. À 17 ans, il se tourne vers la zoologie et réunit tous les spécimens de la faune locale qu'il peut se procurer : mollusques, insectes, reptiles, oiseaux et petits mammifères. Il s'efforce d'identifier chacun d'entre eux à l'aide des ouvrages en sa possession, et il note soigneusement les caractéristiques de ceux qui diffèrent des espèces décrites. Tout seul, il s'initie à la taxonomie, la science des lois de la classification, dont il devient l'un des maîtres grâce à ses qualités de réflexion, d'ordre et de méthode.

En 1859, il entre à l'université Harvard, où il a la chance d'avoir pour professeur un naturaliste de réputation internationale, Louis Agassiz, qui reconnaît ses qualités et l'encourage à suivre une carrière de zoologiste. Sur les conseils d'Agassiz, il profite de ses vacances d'été pour se rendre au Canada et se livrer à des investigations sur la faune et la nature des terrains de l'île d'Anticosti (Québec) et d'une partie de la côte du Labrador. Diplômé de Harvard en 1862, il reste à l'université en tant qu'assistant d'Agassiz, conservateur du musée de Zoologie comparée. Il en profite pour se livrer à une étude exhaustive des rayonnés – c'est-à-dire des animaux à symétrie axiale tels que les échinodermes –, et pour affiner la classification des cœlentérés. Il a seulement 25 ans quand il obtient, en 1864, la chaire de zoologie qui vient d'être créée à l'université de Yale. Il la conserve jusqu'à sa retraite, en 1907.

De 1871 à 1887, Verril dirige, pour le compte de la Commission américaine du poisson et de la pêche, des missions scientifiques qui le conduisent sur les rives atlantique et pacifique des États-Unis et du Canada ainsi qu'en Amérique centrale et à Hawaii. Il apporte diverses améliorations techniques au matériel destiné à la collecte des échantillons sur les fonds marins et, surtout, il recueille de très nombreux échantillons d'animaux. Parmi eux figurent plusieurs centaines d'espèces d'invertébrés marins jusque-là inconnues, qu'il s'emploie à décrire de façon détaillée et à classer (il est l'un des premiers à séparer l'embranchement des échinodermes de celui des cœlentérés). Après avoir consacré une étude très complète aux invertébrés marins de la Nouvelle-Angleterre, il s'intéresse à ceux des Bermudes et publie, en 1901-1902, un ouvrage en deux volumes traitant non seulement de la faune, mais aussi de la flore, de la géologie, de l'histoire politique et sociale de l'archipel.

À l'exception de quelques travaux de géologie, l'essentiel de ses écrits se rapporte à la faune, et plus particulièrement aux invertébrés marins. On lui doit plus de 300 mémoires sur des groupes spécifiques d'animaux. Entre 1865 et 1910, il exerce les fonctions de conservateur du département de zoologie du Peabody Museum of Natural History, qui fait partie de l'université de Yale. Il accroît prodigieusement les collections du musée, qui comptent parmi les plus riches du pays à son départ. À 85 ans, Verril, dont les capacités de travail demeurent intactes, part pour une nouvelle mission à but scientifique, dans l'île Kauai, qui fait partie de l'archipel de Hawaii. Il y passe deux ans et y collecte près d'un millier de spécimens d'invertébrés parmi lesquels à nouveau beaucoup d'espèces nouvelles. Il n'a pas le temps d'exploiter l'ensemble des matériaux recueillis car, cette fois, il a trop présumé de ses forces. Il meurt quelques mois après son retour.