toile

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Tissu de fil de lin, de chanvre ou de coton utilisé comme support pictural après avoir reçu une préparation appropriée. Par extension, on désigne sous ce nom tout tissu cloué sur un châssis servant de support pictural, quelle que soit la nature des fibres qui le constituent. Jusqu’au xixe s., les toiles étaient à base de chanvre, de lin, de soie, quelquefois de genêt, ou d’ortie. De nouveaux textiles sont apparus depuis : le coton, le jute (très utilisé par les expressionnistes allemands), le coco, les fibres synthétiques, les tissus de papier ou à base de verre, etc.

Avant d’être directement employée comme support, la toile a connu en peinture des usages divers : associée à des feuilles de papyrus, elle a servi en Égypte à la fabrication des cartonnages peints destinés à entourer les momies ; mêlée à de l’enduit, elle a été utilisée au Moyen Âge pour protéger et renforcer les joints des panneaux en bois (face et revers). Les débuts de son utilisation comme support indépendant ne remontent qu’aux environs du xve siècle.

Ces premières toiles à structure fine étaient recouvertes d’une peinture de texture mince. On les désignait sous le nom de tela rensa (tableaux de Mantegna, Hugo Van der Goes, Dürer). La nature du tissage a varié selon les époques, les écoles de peinture et la densité de l’armure. L’apparition au xvie s. du croisé – et les dessins qui en dérivent, tels que le chevron, les arêtes de poisson, qui ont donné aux toiles une structure rude et saillante – a déterminé de nouveaux caractères de la surface peinte (elle a permis de peindre par touches empâtées : les Vénitiens, Rembrandt).

Au xviie s., en Italie, les toiles furent tissées de façon très lâche ; en France, à la même époque, on a utilisé des toiles simples à tissage régulier, plus ou moins grosses (toiles de Poussin : 19 fils de chaîne et de trame au cm2 pour les plus fines, et 7 fils de chaîne et de trame au cm2 pour les plus grosses). Au xviiie s. apparaissent des toiles tissées à la machine et les premières toiles toutes préparées par les manufactures.

La préparation a la double fonction de protéger les fibres contre l’action destructrice des liants et des pigments de la couche picturale et de faire adhérer celles-ci au support. Les toiles les plus résistantes sont celles dont les fils de chaîne ou de trame sont serrés et de qualité et grosseur équivalentes. Le tissage lui-même, important pour l’aspect du tableau (chevron, croisé), joue un rôle mineur dans la conservation des toiles.