sporting painting
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
L'expression sporting painting désigne commodément un genre de la peinture anglaise, aux xviiie et xixe s., limité à la représentation des chevaux de selle.
L'aristocratie réside alors à la campagne ; elle chasse le renard et organise des courses. La création du Jockey Club en 1750 transforme un divertissement en institution nationale, qui progressivement se démocratise pour devenir la grande fête populaire du Derby d'Epsom, que William Powell Frith expose à la Royal Academy en 1854. Ce nouvel art de vivre britannique suscite l'éclosion d'une littérature spécialisée largement illustrée et la commande de tableaux de petit format à des artistes anglais portraitistes de seconde importance, qui trouvent dans cette activité un moyen commode d'assurer leur existence.
Ce sont d'abord des portraits d'aristocrates représentés à la chasse avec leur équipage (le Portrait de George II à cheval par Wootton, qui emprunte son vocabulaire aux peintres Van der Meulen et Wouwerman). Rapidement, l'intérêt se concentre sur le portrait du cheval favori, dont les petits maîtres comme Seymour donnent des représentations maladroites, mais soucieuses de précision. Le genre acquiert des lettres de noblesse avec George Stubbs, peintre également de portraits et de scènes de genre ; après de longues études, Stubbs publie en 1766 une Anatomie du cheval où il en fixe les canons. Entre 1760 et 1770, il peint plusieurs études des juments et des poulains de lord Grosvenor, où l'intérêt esthétique, par l'intégration des animaux avec le paysage, l'emporte sur le côté descriptif.
Au début du xixe s., on trouve une pléiade de sporting painters qui assurent, comme Ben Marshall, des reportages sur les champs de course. Le genre évolue peu, et c'est toujours le portrait du cheval présenté hiératiquement de côté qui se retrouve uniformément dans les œuvres d'Alken, J. F. Herring, John Ferneley, James Pollard et Cooper Anderson. Seul James Ward ajoute dans ses portraits de chevaux, comme Marengo (1824), une touche et une conception romantique proches de la manière de Géricault tout en conservant la précision britannique.
Au cours de la troisième décennie du xixe s., la sporting painting tend à se fondre rapidement avec la scène de genre, caractéristique du goût victorien.
L'influence d'une telle peinture pouvait difficilement se faire sentir sur le continent. En France, des artistes anglophiles, tels Carle Vernet et Alfred Dedreux, rappellent par leurs scènes de chasses ou de courses la minutie des petits maîtres britanniques. Si Géricault peint le chef-d'œuvre de la sporting painting, le Derby d'Epsom (Louvre), il considère le monde des chevaux d'une façon beaucoup plus générale, abandonnant, comme le fera plus tard Degas, l'anecdote et les caractères particuliers pour ne retenir que le mouvement et la richesse des couleurs qui animent les champs de courses.
Reléguées dans le monde du décor ou plus simplement oubliées depuis longtemps, les sporting paintings sont redécouvertes actuellement. Stubbs et Ferneley ont désormais leur place dans les grandes collections de peinture anglaise (New Haven, Yale Center for British Art).