préparation

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Couche de matière uniforme, possédant un corps ou une épaisseur variable, appliquée sur un support pictural (toile, bois, papier).

La préparation permet de contrôler le pouvoir absorbant du support et sert de base à la couche picturale tout en assurant son adhésion. Elle permet également de dissimuler les irrégularités du support et contribue à l'aspect esthétique final d'un tableau. Elle peut être colorée ou blanche, et sa texture est lisse ou granuleuse.

Il est nécessaire d'établir une distinction entre les préparations sur panneaux et les préparations sur toiles. Les préparations diffèrent également selon les époques et les écoles de peinture. Bien que la préparation soit rarement visible à l'œil nu, il est possible d'étudier sa composition en examinant des coupes transversales ou des surfaces laissées à découvert à la suite du détachement de la pellicule picturale. La composition de la préparation, selon le support sur lequel on l'applique (bois ou toile), peut se réduire à une simple couche de colle ou être constituée de 3 couches (ou même davantage) : 1° une couche isolante d'apprêt ou de colle (V. ENCOLLAGE) ; 2° pour boucher les trous, une ou plusieurs couches de plâtre (ou autre matière inerte) délayé dans de la colle, polies par ponçage (ou rendues volontairement rugueuses) : la couche isolante est étendue à la spatule ; 3° une couche d'impression, colorée ou non, qui a pour fonction de réduire le pouvoir absorbant du support et sur laquelle on exécute le dessin et applique les différentes couches picturales.

Selon les substances entrant dans la composition des préparations on distingue : les préparations maigres (plâtre, craie, calcium, liés par une colle animale ou végétale) ; les préparations grasses (à base d'huile et de céruse, ou de tout autre pigment gras broyé) ; les préparations mixtes (préparations maigres recouvertes d'une grasse). D'autres substances ont été introduites dans les préparations, aux xve et xvie s., telles que farine, amidon, miel, sucre, glycérine, cire d'abeille, lait.

Jusqu'au xvie s., on employait presque exclusivement des préparations blanches qui accroissaient le pouvoir de réflexion et se composaient soit de plâtre (gypse + anhydride), soit de craie (carbonate de calcium). C'est ainsi que la substance de base de la préparation des écoles hispano-flamandes a été le gypse, et celle des écoles du Nord, la craie liée à de la colle animale. L'épaisseur de ces préparations variait selon la qualité des supports, un support (en bois) de qualité inférieure exigeant jusqu'à 700 ou 900, alors que l'épaisseur courante était de 150 à 200. Ces préparations blanches conféraient une grande luminosité aux peintures à la détrempe et étaient étendues sur la face et parfois sur le revers des panneaux. Elles pouvaient contenir de la filasse (ou bourre) ou des bandes de toile, noyées dans le plâtre et la craie. Les bandes de toile recouvraient soit les joints seuls (sur la face et le revers du tableau), soit toute la surface du panneau. Parfois, une matière fibreuse, telle que le papier, collée sur le support (en bois ou en toile), tenait lieu de préparation. Selon le moine Théophile, on pouvait également utiliser le cuir : il fallait néanmoins y étendre une couche de plâtre fin délayé à la colle de peau. Les peintres peignaient parfois directement sur des supports non préparés (école portugaise du xve s. ; école de la Loire).

À partir de la seconde moitié du xvie s., on a utilisé de préférence des préparations colorées (rouges, brunes, brun-noir) ; ces préparations avaient l'inconvénient de noircir avec le temps, mais elles ont joué un rôle important dans l'harmonie colorée des tableaux (Poussin, par exemple, fit des préparations à l'ocre rouge ; dans de nombreuses toiles du xviie s., le rouge transparaît).

Pour permettre aux toiles de rester flexibles, on y a appliqué, du xviie au xixe s., non plus une préparation compacte, mais une simple couche de colle ainsi que du blanc de craie additionné de plâtre fin. À partir du xviiie s., les préparations oléagineuses sont courantes (Boucher utilisait les préparations rosées). Lorsque la structure des toiles est très lâche (xviie s. italien), la préparation est travaillée à la spatule, et, à chaque intervalle laissé par le croisement des fils, un empâtement apparaît.

Certains supports exigent une préparation spéciale : c'est ainsi que l'on préparait le parchemin des manuscrits du xie et du xiie s. en étendant, sur les parties des pages destinées à recevoir la dorure, une couche de cinabre délayé au blanc d'œuf. Dans les manuscrits byzantins, le cinabre transparaît à travers les ors usés.

On protège actuellement les supports de métal en les recouvrant de peinture antirouille présentant une imperméabilité suffisante pour retarder la formation de la rouille. Le carton et le papier sont préparés de la même manière que le bois et la toile. Les préparations fabriquées industriellement sont apparues au xviiie s.

Lorsque l'humidité atmosphérique est excessive, les préparations peuvent s'altérer : Les préparations au plâtre ou à la craie se désagrègent par plaques ou deviennent pulvérulentes, provoquant par contrecoup un soulèvement de la couche picturale.

Les préparations au plomb des xixe et xxe s. présentent l'inconvénient de devenir granuleuses, à cause des huiles siccatives qu'elles contiennent.