les Audran

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Dynastie de peintres et graveurs français d'origine lyonnaise, dont les fondateurs furent

Charles (Paris 1594  – id. 1674) et son frère Claude (Paris 1597 – Lyon 1675 ou 1677). Graveurs de reproduction, ils ont laissé une œuvre de vignettistes exécutée pour des libraires de Lyon et de Paris.

La notoriété de la famille est due au fils de Claude, Gérard Ier (Lyon 1640 – Paris 1703) , qui obtint la protection de Colbert et fut envoyé à Rome, où il séjourna de 1666 à 1672, fréquentant l'atelier de Carlo Maratta. À son retour, il reçut la commande des Batailles d'Alexandre, d'après Le Brun, œuvre considérable (1672-1678) dont le succès détermina son admission à l'Académie et contribua à le désigner comme un des maîtres de la gravure européenne de son temps. Il fut chargé de reproduire de grandes peintures décoratives exécutées dans le cadre des travaux royaux : Triomphe du Nouveau Testament sur l'Ancien (coupole de la chapelle de Sceaux, 1681, d'après Le Brun) ; Assemblée des dieux (projet non exécuté pour la rotonde du château de Vaux, 1681, d'après Le Brun) ; Portement de croix (coupole du Val-de-Grâce, d'après Mignard) ; plafonds de la Galerie des petits appartements du roi à Versailles (d'après Mignard). Il a également beaucoup gravé d'après Poussin (le Mariage de la Vierge, Daphnis et Chloé), Antoine Coypel, Le Sueur et interprété des œuvres de maîtres italiens : Raphaël, Pierre de Cortone, Annibale Carracci, Giulio Romano. Par l'emploi de l'eau-forte étroitement associée au burin, il a su rajeunir la gravure de reproduction, inaugurant le style de la gravure libre, qui influencera les peintres et les graveurs du xviiie s.

Sa tradition fut maintenue par ses neveux Benoît Ier (Lyon 1661 – Paris 1721) et Jean (Lyon 1667 – Paris 1756) , formés dans son atelier des Deux Piliers d'or, qui interprétèrent dans l'esprit de leur oncle des œuvres de Le Brun, Poussin, Coypel, Rigaud et collaborèrent, notamment, à la gravure de la Galerie du Luxembourg d'après les dessins de Nattier (1710). Leur œuvre marque la transition entre les graveurs de Le Brun et ceux de Watteau, dont Benoît II (Paris 1698 – id. 1772) , fils et élève de Jean, auteur de 44 pièces du Recueil Jullienne, fut un des principaux interprètes.

Dans le domaine de la peinture, les artistes les plus importants demeurent Claude II (Lyon 1639 – Paris 1684) , frère de Gérard Ier, et surtout son neveu Claude III (Lyon 1658 – Paris 1734) , frère de Benoît Ier et de Jean. L'œuvre peint du premier reste éclipsé par celui de Le Brun, dont il fut le fidèle collaborateur, notamment à Saint-Germain-en-Laye et à Versailles (peintures restaurées au Salon de Diane et au Salon de Mars). Ses tableaux de chevalet, peu connus (Multiplication des pains, 1683, Paris, église Notre-Dame-des-Blancs-Manteaux), et ses dessins témoignent d'une élégance un peu froide, mais non sans charme. Claude III joua un rôle décisif dans le renouvellement du style décoratif à la fin du règne de Louis XIV. De 1690 à 1703, il travailla au remaniement des appartements du roi à Versailles, au château d'Anet, à la nouvelle décoration de Marly, à Sceaux, à Fontainebleau, à Meudon. Héritier et rival de Jean Berain, il meuble ses lambris peints ou ses plafonds d'arcades légères, animées de petites figures ou d'animaux exotiques (" singeries "). Ses compositions, qui eurent un grand succès, ne nous sont plus guère connues que par ses dessins (Stockholm, Nm). Il fut également l'auteur de cartons de tapisserie : les Douze Mois grotesques (1699) ; les Portières des dieux (gravées par son frère Jean en 1726). L'importance de son rôle est symbolisée par le passage dans son atelier du jeune Watteau.