style east-anglian

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Style d'enluminures britannique, florissant depuis les dernières années du xiiie s. jusqu'aux environs de 1340. Dans la région de l'East-Anglia et des Midlands, il exista plusieurs ateliers d'enluminures ; pourtant la documentation n'est ni assez abondante ni assez décisive pour établir l'origine exacte des manuscrits les plus importants. Les centres principaux furent Norwich, Peterborough et Nottingham.

Les manuscrits de style East-Anglian sont caractérisés, dans l'ensemble, par l'emploi de bordures au décor complexe, encadrant la page et servant de prétexte à représenter toutes sortes de scènes marginales aussi bien que des personnages isolés, des animaux et des oiseaux, des grotesques, au milieu d'une profusion de feuilles et de fleurs, à la fois naturelles et stylisées. L'accent mis sur différents éléments décoratifs varie selon les centres. On ne connaît pas la provenance du groupe le plus ancien des manuscrits qualifiés d'East-Anglian, dont premier en date, important dans la formation de l'art East-Anglian, est le Psautier Alfonso (British Museum, add. 24684), commencé pour le mariage du fils d'Édouard Ier avec Margaret, fille du comte de Hollande, et achevé après la mort d'Alfonso, en 1284. Deux autres manuscrits, un peu plus récents, sont l'Historia scholastica de Petrus Comestor (Pierre le Mangeur) [British Museum, roy 3.D.VI], offerte au prieuré d'Ashridge par Édouard, duc de Cornouailles († 1300), et le Psautier Windmill (New York, Pierpont Morgan Library, ms. 102). L'origine du style de ces manuscrits pose des problèmes ; on y voit des rapports avec le nord-est de la France et les Flandres, mais on ne sait par quelle voie a pu s'exercer cette influence. À Peterborough, deux styles sont en présence. Le premier est représenté par le Psautier dit " de Peterborough " (Bruxelles, Bibl. royale, 9961-2), dont l'iconographie est empruntée à un cycle de peintures du chœur de la cathédrale de Peterborough, et par le Psautier Ramsey (New York, Pierpont Morgan Library, ms. 302, et Saint Paul de Lavanttal, en Carinthie, ms. XXV.2.19). Ces manuscrits ont de larges bordures qui limitent entièrement les scènes marginales. Dans le second style, les encadrements disparaissent pour faire place aux initiales historiées, et le dessin linéaire des scènes est lavé de couleurs légères. On attribue à l'atelier de Peterborough le Psautier de Cambridge (Corpus Christi College, ms. 53) ainsi que le Psautier de la reine Mary (British Museum, M. roy 2.B.VII) et l'Apocalypse (id., roy 19.B.XV). Un style différent apparaît avec le Psautier Ormesby (Oxford, Bodleian Library, ms. Douce 366) et le Psautier Gorleston (Malvern, Dyson Perrins, ms. 13), qui accentuent de nouveau les larges bordures et les fermes contours du dessin. Un groupe intermédiaire peut avoir pour centre Nottingham, ainsi le Psautier Tickhill (New York, Public Library, Spencer Coll., ms. 26), qui fut enluminé par le frère John Tickhill, prieur du monastère de Worksop, près de Nottingham.

Des manuscrits plus tardifs, localisés dans le Norfolk, comprennent le Psautier Saint Omer (British Museum, add. 39810) — commencé v. 1330 pour les membres de la famille Saint Omer de Mulbarton, dans le Norfolk, et dont l'exécution est plus délicate que celle des psautiers du groupe Ormesby-Gorleston — et le Psautier De Lisle (British Museum, Arundel 83), dont la première partie fut exécutée pour sir William Howard d'East Winch, près de Lynn, et la seconde donnée par Robert De Lisle à sa fille en 1339. La première partie contient des enluminures de taille et de conception monumentales, révélant une forte influence française ; la seconde partie est probablement influencée par l'Italie. Le psautier exécuté av. 1340 pour sir Geoffrey Luttrell (British Museum, add. 42130) marque le déclin de l'enluminure East-Anglian. Les grotesques y sont parfois quelque peu grossiers, bien que ce manuscrit soit remarquable pour ses scènes de la vie quotidienne. Le style du Psautier Saint Omer eut davantage d'influence sur des manuscrits plus tardifs, notamment sur ceux de la famille Bohun, de la fin du xive s.