calligraphie

(Occident)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Art de dessiner les caractères de l'écriture et de les décorer ou de les utiliser à des fins décoratives.

Au Moyen Âge, la calligraphie s'est contentée d'être l'art de bien tracer les caractères de l'écriture romaine : dans les îles Britanniques, les écritures nationales s'inspirèrent des demi-onciales romaines et, dès le viie s., elles atteignirent une rare perfection (écoles du Northumberland). C'est dans les scriptoria monastiques que se formaient les calligraphes. Les écoles de Tours et d'Aix-la-Chapelle, sous le règne de Charlemagne, contribuèrent à faire de l'écriture un art en soi. Les calligraphes se servaient de roseaux ou de plumes d'oiseau, avec lesquels ils obtenaient un trait plus ou moins épais, selon la forme et le degré d'inclinaison de la plume. Très vite, on prit l'habitude de dégager du texte et de mettre en valeur l'initiale du premier mot. La première initiale ornée apparaît vers le vie s., elle est un mélange de motifs d'inspiration chrétienne, d'entrelacs " barbares " et d'artifices linéaires évoluant sur un même plan. Citons pour le xiiie s. le nom de Karlin, notaire à Bruges et, pour le xive s., celui de Raouhlet d'Orléans.

À la Renaissance, on reprend ce procédé ; comme au Moyen Âge, le calligraphe utilise le corps de la lettre comme point de départ d'un jeu de lignes, de volutes et de spirales, constituant un décor de motifs abstraits ou de représentations figuratives très variées. Ces exercices de virtuosité étaient pratiqués selon des règles très précises, consignées dans de nombreux traités (Palatino, 1540, Rome ; Pisani, 1640). La calligraphie acquit une grande profondeur grâce aux pleins et aux déliés. Elle ne concerna plus seulement la lettre initiale et le texte lui-même, mais devint une sorte de dessin. Le calligraphe devait dessiner, à main levée et dans un mouvement continu, une image compliquée, ou " bizarrerie ". Au xviie s., la calligraphie connut la même vogue en Italie, en Hollande et en France (Jean de Beaugrand, Jan Van de Velde, Nicolas Jarry), dont un des chefs-d'œuvre fut la Guirlande de Julie (coll. part.), que le marquis de Montausier fit exécuter en 1641 pour Julie d'Angennes. Son déclin commença au xviiie s. malgré une initiative des maîtres écrivains, qui essayèrent de la faire reconnaître comme un art égal à l'architecture et à la peinture. Utilisée pour les portraits-charge dits " à plume volante ", elle évolua vers la caricature. De nos jours, dans le langage pictural, ce terme s'emploie pour désigner une tendance de la peinture qui tient du signe ou de l'écriture (Degottex, Dotremont, Henri Michaux, Hartung, Mathieu), par opposition à une peinture moins linéaire et moins graphique.