les maniéristes anversois

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Dénomination collective d'un groupe de peintres, pour la plupart anonymes, actifs à Anvers v. 1520.

Les tableaux, assez voisins, des maniéristes anversois peuvent être rassemblés autour de l'œuvre de quelques artistes connus comme Jan de Beer et Jan Wellens de Cock, qui présentent les mêmes caractéristiques. Presque identique au mouvement contemporain de l'école de Cornelis Engebrechtsz, à Leyde, et assez différent dans l'esprit, encore gothique, du Maniérisme de la fin du xvie s., d'inspiration à l'origine uniquement italienne, le courant anversois du début du xvie s. semble être né d'une évolution vers l'irréalité du courant de la Devotio moderna renouvelée de la fin du xve siècle, représenté par Colijn de Coter, en opposition aux tendances nouvelles de la Renaissance italienne qui s'implantait dans les Pays-Bas autour de Gossaert et de Van Orley. Les pseudo-maniéristes ont essayé de transformer, en les exagérant, les formes traditionnelles. Ainsi la réalité, seule référence des primitifs flamands, se trouve-t-elle mêlée à l'imaginaire. La sérénité résultant de l'assurance métaphysique du Moyen Âge fait place à l'inquiétude et au doute. Cependant, les thèmes restent traditionnels : surtout l'Adoration des mages. Mais les maniéristes anversois expriment toute l'angoisse d'un siècle qui a commencé sous le signe de l'œuvre tragique et hallucinante de Bosch. Et la peinture, à la conquête d'une nouvelle liberté, suit l'impulsion nerveuse de l'esprit et de la main ; les formes deviennent gracieuses, capricieuses, voire fantasques, les figures sont allongées et contorsionnées. Des scènes mouvementées se déroulent dans un cadre d'architectures compliquées, dans un décor sculptural touffu, sous un amas de détails ornementaux. Les plis des vêtements, détaillés à l'excès, flottent en volutes. Les personnages, entraînés par le mouvement général, commencent à s'agiter inutilement. Dans la composition, le dynamisme triomphe et le groupement asymétrique provoque souvent chez les maîtres de moindre importance un manque d'unité et de synthèse qui crée désordre et confusion. On recherche l'exotisme, le rythme, les contrastes. Même dans le coloris se manifeste l'exagération. Ce mouvement a eu un succès international très important, et l'on trouve des tableaux le représentant dans tous les musées de l'Europe, preuve d'une correspondance entre les sentiments religieux encore presque médiévaux d'une partie de la société du temps, en réaction contre les audaces de la peinture " moderne ", d'origine clairement italienne. À l'historien d'art Friedländer revient le mérite d'avoir démêlé la production de ces artistes anonymes.