Wifredo Lam
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre cubain (Sagua la Grande, Cuba, 1902 – Paris 1982).
Tardivement affilié au mouvement surréaliste, Lam y a introduit une forme d'imagination qui se ressent de ses origines. Après avoir passé son enfance à Cuba, où il commence ses études, il les poursuit à Madrid et à Barcelone, jusqu'à ce que la guerre d'Espagne le conduise à se réfugier en France en 1937. Introduit par Picasso auprès de Breton et des surréalistes, il est aussitôt accueilli par eux, et c'est avec A. Breton qu'il se rend aux Antilles en 1941. Depuis, Lam a voyagé à travers les îles du Pacifique, l'Amérique du Sud et l'Europe. Ce n'est qu'à son retour à Cuba, après une première exposition parisienne (1938), qu'il donne quelque ampleur à son œuvre : les formes végétales entrelacées, où se cachent des figures mythiques, s'étirent verticalement sur un fond sombre (la Jungle, 1943, New York, M. O. M. A., et Paris, M. N. A. M. ; la Harpe astrale, 1944, Paris, M. N. A. M.). Ses personnages totémiques se détachent ensuite sur de vastes aplats aux couleurs moins vives (Umbral, 1950-51, Paris, M. N. A. M.). À partir des années 60, il étire à l'extrême ses figures effilées et aiguës sur de grandes toiles horizontales et revient parfois dans des tableaux de grand format à l'abondance exubérante de la Jungle (le Tiers Monde, 1966, Palais présidentiel, La Havane ; les Invités, 1966). Au cours des dix dernières années de sa vie, Lam s'est surtout consacré au pastel, à la gravure et à la céramique. C'est par le biais de cette dernière qu'il aborde la sculpture. Elle est profondément expressive de ce qu'il y avait de plus essentiel dans l'art de Lam : l'importance du graphisme et la référence aux arts africains et océaniens. L'une lui dicte de très beaux bijoux, plaques où vient s'inscrire une forme complexe mais linéaire, l'autre lui fait dresser en 1975 sur la terrasse de sa maison d'Albisolamare une forêt de grands totems de bois. Tout se conjoint dans les reliefs et les rondes-bosses que Lam donne à la fin de sa vie, en particulier en 1979. Vevé vivant, Yemaya, Osun sont des bronzes de dimensions moyennes, de peu d'épaisseur, offrant surtout chacun deux faces planes, à la découpe complexe, tout entières incisées, gravées profondément. Même s'ils ne rappellent qu'assez lointainement les objets rituels afro-cubains, ils sont issus de la même culture. Une rétrospective de son œuvre a eu lieu au M. A. M. de la Ville de Paris en 1982.