Victor Brauner

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre roumain actif en France (Pietra-Nuemtz, Roumanie, 1903  – Paris 1966).

Il passe son adolescence à Bucarest, au milieu de la société roumaine décadente, auprès d'un père amateur de spiritisme. Il prend part aux mouvements locaux d'avant-garde et fonde la revue " pictopoétique " 75 HP en 1924. En 1930, il s'installe à Paris et entre dans une période d'angoisse profonde qui se cristallise autour du thème de l'œil arraché (Autoportrait [à l'œil énucléé], 1931). Il rencontre son compatriote, le sculpteur Brancusi, et, par l'intermédiaire d'Yves Tanguy, se lie avec les surréalistes. Il expose à la gal. Pierre en 1934 et participe désormais à toutes les expositions surréalistes. Il continue à peindre un univers concentrationnaire, en proie à la torture et que secoue une révolte passionnée, rappelant certains aspects de la Nouvelle Réalité allemande (la Porte, 1932, Los Angeles, County Museum of Art) ; il s'inspire ailleurs du personnage d'Ubu de Jarry (l'Étrange cas de M. K., 1934). Victor Brauner retourne en Roumanie de 1935 à 1938. À Paris, en 1938, par une curieuse coïncidence, il perd un œil au cours d'une rixe. Ses peintures ont alors souvent un accent prémonitoire, annonciateur de la Seconde Guerre mondiale (Fascination, 1939). L'exode de 1940 le conduit dans les Pyrénées-Orientales, puis à Marseille et dans les Basses-Alpes. Cette période le confirme dans son obsession des rapports du réel et de l'irréel, figurée par les images du Lycanthrope et de la Chimère au double profil (Mythotomie, 1942, Paris, coll. part.). Il réalise pendant ces années d'isolement un ensemble d'œuvres ésotériques : apparition dans un cycle de dessins du Congloméros, personnage à trois corps et une seule tête qui se matérialisera dans une sculpture en 1944 (M. A. M. de la Ville de Paris), peintures à la bougie et à la cire. Il rompt avec les surréalistes en 1948 et entreprend un cycle d'œuvres autobiographiques : les Onomatomanies. La série des Rétractés (1950) subit l'influence directe de Matta, avec qui il réalise plusieurs toiles (Intervisions, 1955, M. N. A. M., Paris). Plus serein et plus simple après 1960, l'art de Brauner trouve son aboutissement dans la suite des peintures sur bois découpé : la Fête des mères (musée des Sables-d'Olonne). Le M. N. A. M. de Paris a bénéficié d'une importante donation de Mme Victor Brauner en 1982 et présente une exposition de l'artiste en 1996.