Francesco Trevisani

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Capodistria 1656 – Rome 1746).

Élève à Venise d’Antonio Zanchi, il alla à Rome aux environs de 1678, où il devint, avec Luti, le peintre le plus célèbre de sa génération et le chef d’école du rococo romain, après l’extinction progressive de la tradition marattesque. Ses premières commandes officielles datent de 1695 (fresques de S. Silvestro in Capite : Scènes de la passion du Christ). Après avoir travaillé pour le cardinal Chigi, il devint le protégé du cardinal Ottoboni (1698) : Portrait du cardinal (Barnard Castle, Bowes Museum), pour qui il peignit de nombreux tableaux. Il acquit une vaste clientèle, peignant pour les cardinaux romains, pour les églises romaines (décor de la voûte de la chapelle des Fonts-Baptismaux à Saint-Pierre de Rome, 1732 ; Saint François soutenu par un ange, Rome, S. Maria in Aracoeli ; Mort de saint François, Saint-Ignace), pour les États de l’Église (Bolsena : Messe de Bolsène à la cathédrale, Nativité à S. Cristina), pour l’électeur Lothar Franz von Schönborn, pour Pommersfelden (Autoportrait, 1717 ; Bethsabée ; Joseph et la femme de Putiphar) et, par l’intermédiaire de Juvarra, pour les églises de Turin (S. Filippo : Martyre de saint Laurent), le Palais royal (v. 1721-1724), l’église de la Venaria (le Bienheureux Amédée et Saint Louis vénérant la Vierge, 1724) ainsi que pour le palais-monastère de La Mafra (la Vierge et saint François) au Portugal.

Bien qu’il ait travaillé dans tous les genres : retables, tableaux mythologiques (Triomphe de Galatée, musée de Kassel), décoration, portraits (où il précède Batoni en peignant les Anglais du « grand tour »), il est particulièrement séduisant dans le petit format, qu’il peigne des tableaux de dévotion privée (Madone avec l’Enfant dormant, Louvre et Dresde, Gg ; Lapidation de saint Étienne, Rome, G. N., Gal. Corsini ; Songe de saint Joseph, Florence, Offices ; Christ au jardin des Oliviers, musée de Marseille) ou des tableaux mythologiques prestement enlevés (Apelle et Campaspe, Pasadena, Norton Simon Foundation).

Par ses formes rondes, par la douceur et la légèreté de son modelé, de ses couleurs et par un éclairage diffus, il chercha à s’éloigner de la sévérité de Maratta, dont il transforma les schémas iconographiques avec une sorte de saveur arcadique annonçant des peintres français tels que Lemoyne, Carle Van Loo, Lagrenée, Vleughels ainsi que le rococo autrichien. L’artiste est bien représenté en France, dans les musées (Aix, Chambéry, Nantes, Toulouse) et dans les églises (Avignon, Besançon, Carpentras).