Toorop

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Famille de peintres néerlandais.

Johannes Theodoor, dit Jan (Poerworedjo, Java, 1858 – La Haye 1928). Originaire de Java, Toorop arriva en 1872 aux Pays-Bas et se forma successivement à Delft, à Amsterdam (1880-1881), à Bruxelles (1882), où il fut membre des Vingt (1885), auxquels il plaisait par sa nature « spiritualisée, complexe, toujours en quête de recherches nouvelles ».

Après des débuts impressionnistes, un séjour en Angleterre en 1884 avec Verhaeren lui permet des références aux préraphaélites ; au cours d’un deuxième séjour, il rencontre Whistler et tombe sous le charme des théories de William Morris sur « l’Art et le Socialisme ». À Paris (1889), ses contacts avec Félicien Rops et Odilon Redon décidèrent de son ralliement enthousiaste au symbolisme, dont il est, avec Johan Thorn-Prikker, la principale figure en Hollande. Cet art essentiellement graphique, stylisé et aux effets recherchés, trahit l’influence de Aubrey Beardsley (les Trois Fiancées, 1893, Otterlo, Kröller-Müller ; affiche pour Delftsche Slaolie, litho, 1895, Amsterdam, Stedelijk Museum). Toorop revint, après 1900, à une esthétique plus simple et plus colorée, où la leçon du néo-impressionnisme compose avec celle de Van Gogh (Canal près de Middelburg, 1907, id.).

Le rôle qu’eut Johannes Toorop dans l’art européen de la fin du xixe s. lui donna une place importante en Hollande, et l’artiste contribua à l’évolution première de Mondrian. Mais, converti au catholicisme, il pratiqua de nouveau une manière de symbolisme religieux, décoratif et monumental, où la trace du cubisme est sensible (la Sainte Fuite, id.). On lui doit également des vitraux pour Saint-Joseph de Nimègue. Il est représenté dans les musées hollandais à La Haye, à Amsterdam et surtout à Otterlo (Rijksmuseum Kröller-Müller).

Charley (Katwijk 1891 – Bergen 1955). Elle reçut sa première formation dans l’atelier de son père, le peintre Jan Toorop. Elle commence à travailler dès 1912 dans un style expressionnisto-cubiste influencé par l’art de Le Fauconnier. De 1919 à 1921, elle séjourne à Paris où elle se lie d’amitié avec Mondrian. En 1922, elle s’établit à Bergen et pratique dans ses paysages, et surtout dans ses portraits (souvent de groupe ou de famille), ses scènes de genre et ses natures mortes, un réalisme fortement teinté d’expressionnisme par son insistance et son goût de la monumentalité (Paysan de Walcheren, 1939-1940, La Haye, Gemeentemuseum). Elle est la mère du peintre Edgar Fernhout. Son œuvre est bien représentée dans les musées néerlandais, en particulier à Otterlo (Rijksmuseum Kröller-Müller), qui lui a consacré une exposition en 1996, et à Rotterdam (musée Boymans Van Beuningen).