Sébastien Stoskopff

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre alsacien (Strasbourg 1597  – Idstein, près de Wiesbaden, 1657).

Il était le fils du courrier diplomatique de la ville de Strasbourg, Georges Stoskopff. On admet une première formation de l'artiste auprès du miniaturiste et graveur Frédéric Brentel, qui n'est sans doute pas étranger au développement de son sens aigu du réel. Le 15 décembre 1614, Georges Stoskopff demande au conseil des XXI de placer son fils chez un maître peintre ; dès l'été suivant, les sénateurs Kipp et Schach le confient à Daniel Soreau, artiste wallon réfugié à Hanau-Francfort, que son dernier élève, Joachim von Sandrart, loue très fort et qui semble lui-même avoir été l'élève du Morave Georg Flegel et de Peter Binoit, tous deux peintres de natures mortes. À la mort de Daniel Soreau en 1619, Stoskopff, âgé de vingt-deux ans, dirige un temps l'atelier de ce dernier, que fréquentaient précisément Sandrart et son fils Pierre Soreau.

Les troubles de la guerre de Trente Ans l'amènent à quitter Hanau en 1621 pour Paris, où il découvre l'art de ses grands contemporains, Rubens, Vouet, Callot, A. Bosse, Baugin, Linard, peut-être aussi Rembrandt. Sandrart rencontre Stoskopff à Venise en 1629, mais celui-ci regagne Paris, où il semble s'être intégré au milieu flamand et protestant des peintres de la " réalité " établis à Saint-Germain-des-Prés.

En 1641, il retrouve Strasbourg ; le 11 février, il se fait inscrire sur les registres de la tribu de l'Échasse, mais se refuse aux exigences de la corporation, qui lui demande de produire un chef-d'œuvre. Néanmoins, le 13 octobre 1642, il fait hommage au conseil des XV d'une " fort belle peinture " pour sa salle des séances. Le 21 septembre 1646, il épouse Anne-Marie Riedinger, fille du maître orfèvre Nicolas Riedinger, par ailleurs déjà son beau-frère.

Parmi les amateurs de peinture strasbourgeois ou autres qui furent en possession de ses œuvres, nous relevons les Künast, Brackenhofer, Walter Arhardt, surtout le comte Jean de Nassau-Idstein, réfugié à Strasbourg jusqu'en 1646, qui, en 1655, invita l'artiste dans sa résidence d'Idstein, où celui-ci peignit jusqu'à sa mort, survenue le 10 février 1657, provoquée soit par assassinat, soit par abus de l'alcool. L'art de Sébastien Stoskopff, presque exclusivement consacré à la nature morte (il fit aussi quelques portraits), connaît au départ le " désordre savamment organisé " de la peinture flamande et hollandaise. Il recueille un certain caravagisme, soit par contact direct avec l'Italie, soit dans la manière de Honthorst. Ses deux séjours à Paris le mettent en contact avec la seconde école de Fontainebleau (les Cinq Sens, 1663 ; les Quatre Éléments, musée de Strasbourg). Les recherches de composition rigoureuses et un peu sèches de sa période parisienne vont être supplantées, à son retour à Strasbourg, par ses évocations d'ambiance, où le trompe-l'œil se trouve baigné dans un clair-obscur " faustien " (la Corbeille de verres, id.). Il est surtout représenté par une belle série d'œuvres au musée de Strasbourg et aussi à Munich (Nature morte, Alte Pin.), à Rotterdam (B. V. B.), au Louvre et au musée de Sarrebruck. Le catalogue de son œuvre comprend environ 70 numéros, parmi lesquels certaines lui sont attribuées avec réserve.