Jacques Stella

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Lyon 1596  – Paris 1657).

Il est le fils de François Stellaert, peintre d'origine flamande établi à Rome en 1576, puis à Lyon, où il travailla pour l'église des Minimes et celle des Cordeliers, dont certains dessins de paysages, au Louvre, présentent d'étroites analogies avec ceux de Martellange, qui travailla en même temps que lui (1586-87). Sa mère est Claudine de Masso, fille d'un notaire bressan. Le jeune Jacques part pour Florence dès 1616 vraisemblablement, y travaille pour Côme II de Médicis et fait probablement déjà la connaissance de Poussin. Sa plus importante gravure, la Fête des chevaliers de Saint-Jean, datée de 1621, est intéressante par les rapports qu'elle atteste avec l'art de Callot, encore à Florence à ce moment et que l'artiste connut certainement ; de ce séjour florentin date aussi un tableau de l'Ermitage, Lucius Albinus et les vestales, qui évoque Elsheimer et Lastman. Stella quitte Florence pour Rome en 1623, peut-être dès 1622. Il s'y liera avec Poussin, arrivé en 1624, d'une amitié durable (de retour à Paris, il ne cessera de correspondre avec lui et nombreux sont les tableaux de celui-ci qui lui passeront entre les mains). Il travaille pour les Jésuites à une suite de quarante-cinq dessins sur la Vie de saint Philippe Néri (certains auj. à l'université Yale de New Haven) et se rend célèbre dans le monde des amateurs romains par ses tableaux " en petit ", souvent peints sur des supports précieux : marbre, agathe, lapis. Le goût des détails rustiques atteste l'étude des tableaux des Carrache et de Dominiquin. Stella, ayant reçu des offres de la part du roi d'Espagne, part dans la suite du maréchal de Créqui, lequel quitte Rome en 1634. De Venise, il ira jusqu'à Paris, où il devait se fixer : Richelieu le retient en effet autoritairement et le prend à son service.

Stella connaît toutes les faveurs : titre de peintre du roi, logement au Louvre, pension considérable, plus tard même, rare honneur, collier de l'ordre de Saint-Michel. Il peint pour le Palais-Cardinal et pour le château de Richelieu (Libéralité de Titus, Cambridge, Fogg Art Museum, exécutée pour la cheminée du cabinet du roi à Richelieu). Il renonce à son activité de portraitiste : le portrait du Grand Condé (v. 1643) du château de Chantilly peut lui être attribué. L'artiste travaille pour les châteaux de Madrid et de Brissac et donne des dessins de frontispices pour l'Académie royale. Il peint deux retables pour la chapelle de Saint-Germain (Sainte Anne conduisant la Vierge au Temple, musée de Rouen ; Saint Louis distribuant les aumônes, perdu). Il est confronté, pour la commande du noviciat des Jésuites, aux deux plus grands peintres contemporains, Poussin et Vouet : son Christ et les docteurs (v. 1640-1642, église des Andelys), abstrait, digne et mesuré, n'est nullement inférieur au Saint François Xavier du premier, ni à la Vierge protégeant la Compagnie de Jésus du second.

La production de Stella reste importante, malgré sa mauvaise santé. Il travaille pour Notre-Dame de Paris à un Mariage de la Vierge (Toulouse). Ses Pastorales, au ton aimable et rustique, presque naïf, ne sont plus connues que par la gravure. Une de ses dernières œuvres (1656) est le Jésus et les docteurs dans une église de Provins.

Figure longtemps négligée, Stella est en fait un des artistes les plus captivants et les plus originaux, malgré son éclectisme, du xviie s. Son art puissant et sobrement élégant affectionne les figures sculpturales et dépouillées, marquées par l'étude de l'antique. La facture est lisse, les tons peu éclatants, la lumière froide et abstraite : manière tout opposée à celle d'un Simon Vouet, séduisante par sa rigueur et parfois son étrange intemporalité. Le Néo-Classicisme avant la lettre de la Clélie passant le Tibre du Louvre évoque ainsi Anton Raphaël Mengs et Girodet.

Des œuvres de Stella se trouvent en France dans les musées de Béziers (Présentation au Temple), Angers, Épinal (Vierge à l'Enfant), Lyon (Sainte Famille à l'étable, 1635), Nantes (Assomption, 1625 ?), Toulouse (Sainte Famille), à Versailles (Triomphe de Louis XIII) et au Louvre (Sainte Cécile, le Christ recevant la Vierge, Minerve et les Muses). L'Ermitage possède une Annonciation, une Sainte Famille, Vénus et Adonis  ; l'Alte Pin. de Munich, une Madeleine (1630) ; les Offices, un Christ dans le désert servi par les anges et une Vierge à l'Enfant ; le Museo Civico de Turin, une Toilette de Vénus et une Rébecca à la fontaine ; le Bowes Museum de Barnard Castle, une Sainte Famille ; le Wadsworth Atheneum de Hartford, un Jugement de Pâris. Parmi ses élèves, on connaît Georges Charmeton, surtout son neveu Antoine Bouzonnet et ses nièces Antoinette, Claudine et Françoise Bouzonnet.