Albert Pinkham Ryder

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (New Bedford, Massachusetts, 1847  – Elmhurst, Long Island, 1917).

Cet artiste solitaire fut peu connu de son vivant. Né dans une famille de marins, il s'installa à New York en 1867. Après avoir reçu une formation de graveur, il se mit à peindre puis étudia à l'Académie nationale de New York (1871). Plus attiré par l'imaginaire que par la réalité, il emprunte ses sujets à des sources littéraires diverses, Chaucer, Shakespeare, les romantiques, E. Poe (Siegfried et les filles du Rhin, Washington, N. G. ; Jonas, Washington, Smithsonian Institution), autant qu'à la Bible et à la mythologie classique, mais l'illustration du texte est très libre et c'est le thème général qui retient son attention plus que l'anecdote. Il fut, en 1877, l'un des fondateurs de la Society of American Artists, qui se voulait plus libre que la N. A. D.

Généralement de petites dimensions, les tableaux de Ryder sont couverts de couleurs épaisses et sombres. Par la superposition des pâtes travaillées au couteau et par les glacis, l'artiste cherche à suggérer la matière des objets (l'Oiseau mort, Washington, Phillips Coll.), inaugurant ainsi une nouvelle manière de traduire le réel. Ses paysages, souvent chargés de significations allégoriques, révèlent un tempérament romantique. Mais le goût de la simplification et des empâtements expressifs fait de lui l'un des précurseurs de l'art moderne. Ryder se rendit plusieurs fois en Europe (1877, 1882, 1887, 1896), mais semble n'avoir guère été influencé par la peinture de ses contemporains, pas plus que par l'art du passé. Cependant, son art, tourné vers le monde intérieur, offre de nombreuses analogies avec celui de Redon et de Gauguin. Il occupe, quoi qu'il en soit, une place à part, originale dans la peinture américaine du xixe s.