Sigmar Polke

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Oels, aujourd'hui Oleśnica, basse Silésie 1941 – Cologne 2010).

Il quitte en 1953 la République démocratique allemande dont fait désormais partie sa ville natale pour vivre en 1959 à Düsseldorf, où il rencontrera Gerhard Richter à l'Académie des beaux-arts. Avec lui, il est un des protagonistes du mouvement Pop dans l'Allemagne des années 60. Il peint en 1963-64 une série de tableaux représentant des produits et des denrées alimentaires dans le style des enseignes naïves non encore touchées par la sophistication de la publicité moderne.

Sa production s'organise ensuite selon plusieurs axes : des tableaux exécutés d'après des photographies tramées comme lorsqu'elles sont destinées à l'impression (les Rasterbilder, 1963-1969), des peintures réalisées sur des tissus imprimés (autre genre de trame résultant de la répétition des motifs décoratifs) où il intervient par de nouveaux motifs très simples exécutés au trait, des peintures abstraites où le geste est réduit à sa plus simple expression afin d'obtenir un effet de banalité, voire de totale nullité expressive, la toile la plus célèbre de cette dernière série étant Moderne Kunst (1968) où Polke fait preuve d'une ironie mordante en s'attaquant à la respectabilité que l'abstraction avait acquise.

Le principal modèle de Polke est Picabia, le peintre des mécaniques dérisoires, des formes transparentes (procédé souvent repris par Polke, notamment dans le cycle des grands tableaux cosmogoniques de 1971 : Die Fahrt auf der Unendlichkeitsacht) et des tableaux de mauvais goût. Polke est un des artistes qui ont beaucoup contribué à faire naître le mouvement qui, dans les années 80, s'est éloigné du sérieux et du dogmatisme des courants avant-gardistes des années 60-70. Précédemment, une importante rétrospective a été consacrée à l'artiste (Washington, Chicago, New York) en 1991-92. Après la série des Miradors (1984-88), Polke poursuit sa démarche avec des œuvres ayant pour thème la Révolution française. Le Carré d'Art à Nîmes a présenté ses récents travaux (Nostradamus, 1989) en 1993.