Pietro Testa
dit il Lucchesino
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (Lucques 1611 – Rome 1650).
Arrivé jeune à Rome, certainement avant 1630, Testa fréquente l’atelier de Dominiquin, puis, peu de temps, celui de Pietro da Cortona. Encouragé par Cassiano dal Pozzo, il exécute pour lui des dessins des antiquités les plus célèbres de Rome. Cette fréquentation des milieux « antiquaires » ainsi que la connaissance approfondie des monuments romains déterminent toute une part de son œuvre : c’est chez Cassiano que, très vite, l’artiste dut connaître Poussin et le sculpteur flamand Duquesnoy. Les premiers tableaux de Testa, comme ses gravures contemporaines, se souviennent de Pietro da Cortona : Joseph vendu par ses frères (v. 1630-1632, Rome, Gal. Capitoline), de composition classicisante mais très cortonesque dans les effets lumineux ; petit Sacrifice d’Iphigénie, tout agité, de la P. N. de Bologne.
Vers 1633, la Vierge de Lorette (Fermo, église S. Rocco) apparaît proche de Guerchin, avec un surprenant paysage naturaliste ; le Martyre de saint Étienne (Burghley House, coll. du marquis d’Exeter) et l’Amor vincit omnia (musée de Cleveland) sont à placer vers la même date. Le Massacre des Innocents de la Gal. Spada de Rome (v. 1635-1637 ?) représente un des sommets de l’œuvre : le sujet est traité dans un registre bien personnel, à la fois fantaisiste et dramatique, avec de saisissants éclats lumineux. Les deux violents Supplice de Prométhée et Supplice d’Ixion (v. 1637), doivent, eux, directement à l’exemple de Caravage. Des années 1640-1650 datent le très caravagesque Miracle de saint Théodore (Lucques, église S. Paolino), la Présentation de la Vierge peinte par S. Croce de Lucques (Ermitage) et la Vision de S. Angelo carmélite (1645-1646, Rome, S. Martino ai Monti), violente et romantique par l’effet de lumière artificielle. À la dernière période de l’activité de Testa appartient probablement aussi la très poussinesque Allégorie de Munich (Alte Pin.). Ce sont souvent ses gravures, fréquemment datées, et ses magnifiques dessins (souvent autrefois attribués à Rosa ou à Mola) qui permettent de préciser la chronologie de l’œuvre peinte d’un artiste complexe et déconcertant, dont certaines toiles brossées et chatoyantes, comme Vénus et Adonis de l’Académie de Vienne ou Morphée du palais Mazzarosa de Lucques, annoncent le settecento. La profonde discordance de sa volonté classique, bien manifeste dans son Trattato di pittura (entre 1640 et 1650), où il se fixe pour objet de « traiter de la peinture idéale », y plaçant plus haut que tout Raphaël et les Carrache, et de ses tendances profondes, expressionnistes et sentimentales, avec un goût constant de l’étrangeté marqué par la prédilection pour les sujets bizarres, désigne un tempérament mélancolique et inquiet, qualifié parfois de « romantique ». Sa mort tragique par noyade dans le Tibre, en 1650, est généralement considérée comme un suicide, que plusieurs causes directes peuvent expliquer : incompréhension des critiques, entreprise avortée du décor de l’abside de S. Martino ai Monti, destruction des fresques qu’il avait peintes vers 1642-1644 à la chapelle Saint-Lambert de S. Maria dell’Anima, qui furent remplacées par d’autres, exécutées par J. Miel.