Michael Pacher

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Bruneck, v. 1435  – Salzbourg 1498).

À partir de 1467, il dirige un atelier de peinture et de sculpture à Bruneck. Il faut chercher ses origines stylistiques dans son pays natal : sa technique est celle du Maître de Saint Sigmund (identifié avec Jacob Sunter), et plus encore celle du Maître d'Uttenheim, vraisemblablement son parent, chez lequel il reçut sa première formation. C'est par l'intermédiaire du retable de Multscher à Sterzing (1456-1459), œuvre d'origine souabe, qui était alors la plus moderne dans son entourage, qu'il connaîtra les acquis de la peinture néerlandaise et de la Haute-Allemagne, ce qui exclut l'hypothèse d'un voyage dans la région du haut Rhin v. 1470. Ses œuvres de jeunesse sont le Couronnement de la Vierge (v. 1460, Munich, Alte Pin.) et la Vierge et l'Enfant (fragment d'une Fuite en Égypte, v. 1470, musée de Bâle). La datation du retable de l'église Saint-Laurent de Pustertal reste problématique ; les parties sculptées correspondent bien à la date de 1462, mais les volets, et en particulier la Légende de saint Laurent (Vienne, K.M. ; Munich, Alte Pin.), supposent la connaissance des fresques de Mantegna à la chapelle Ovetari de Padoue, ce qui permet de les dater v. 1482-1484. La première grande commande faite à Pacher, le Retable de Gries, près de Bozen (1471-v. 1475), doit se situer à cette époque, mais les volets ont disparu. C'est également en 1471 que Pacher passe un contrat avec l'abbé de Mondsee, Benedikt Eck, pour le Retable de saint Wolfgang, travail qui ne fut pourtant pas entrepris avant l'achèvement du Retable de Gries ni avant le premier séjour ( ?) de l'artiste en Italie. La fresque de la cathédrale d'Innichen révèle les débuts de l'influence italienne sur Pacher, influence qui se manifeste avec éclat dans le Retable de saint Wolfgang (1481). Le traitement des figures, la souveraine maîtrise de la perspective reflètent l'exemple de Mantegna et de Jacopo Bellini. Les 4 tableaux, de chaque côté de l'écrin richement sculpté, illustrent, selon l'iconographie traditionnelle, les scènes de la Vie de Marie. On voit, lors d'une première fermeture du retable, 8 scènes de la Vie du Christ ; quand le retable est complètement fermé, 4 scènes de la Légende de saint Wolfgang. Les peintures des volets extérieurs ont d'ailleurs été exécutées par Friedrich Pacher d'après les esquisses de Michael. Celui-ci reçut ensuite commande du Retable des Pères de l'Église de Neustift (av. 1483, auj. à Munich, Alte Pin.), qui présente sur 4 panneaux les Docteurs de l'Église et 4 scènes de la Légende de saint Wolfgang lorsque les volets sont fermés. C'est à cette époque que se situa le troisième voyage de Pacher en Italie ; l'artiste eut alors l'occasion de voir le maître-autel de Donatello au Campo Santo de Padoue, qui devait faire sur lui une vive impression, manifeste dans la prédelle consacrée aux scènes de la Vie de Thomas Becket, portant au revers les symboles des Évangélistes (musée de Graz). En 1484, il eut l'honneur de recevoir la commande d'un retable pour l'église paroissiale de Salzbourg (auj. église des Franciscains), ce qui l'obligea à résider dans cette ville. Les seuls vestiges authentiques de cet ensemble sont une Flagellation, le Mariage de la Vierge, un panneau représentant une Scène de la vie de Joseph en Égypte (tous à Vienne, Österr. Gal.). Ces peintures et un panneau représentant la Vierge entre saint Michel et un évêque (v. 1490, Londres, N. G.) sont les derniers témoins de l'œuvre de maturité de Pacher, dont l'art est la synthèse entre les traditions locales et les courants occidentaux et méridionaux. Cette situation, loin de faire de l'artiste un épigone de l'une ou l'autre tendance, favorisa au contraire l'épanouissement de sa personnalité. Pacher assimila toutes les influences étrangères tout en restant un maître gothique. Encouragé par les " hellénismes " de Mantegna, il ajouta dans le panneau de la Résurrection de Lazare de Saint-Wolfgang, où les assistants se bouchent le nez, le texte original grec correspondant : 'Ózεl (" ça pue ") [Jean, xi, 39].