Jan Mostaert

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Haarlem v. 1475  – id.  1555/56).

Il fut longtemps connu sous le nom du Maître d'Oultremont (nom donné au triptyque de la Descente de croix conservé à Bruxelles, M. R. B. A.). Les premiers documents le citent à Haarlem en 1498 et, selon Van Mander, il aurait été l'élève de Jacob Jansz Van Haarlem, peintre dont on sait très peu de chose et qui serait peut-être le Maître du Diptyque de Brunswick. En 1507, il apparaît pour la première fois comme doyen de la gilde de Haarlem, fonction qu'il exerce encore en 1543 pour la dernière fois. De 1519 à 1529, il est peintre en titre de la régente Marguerite d'Autriche, dont la cour est à Malines, ce qui pose en réalité d'énormes problèmes : les archives harlémoises prouvent, en effet, qu'il ne résida jamais très longtemps hors de sa ville. Son œuvre — assez équilibré, comme son style même à la fois modéré et raffiné — se répartit entre les sujets religieux, quelques rares paysages et d'assez nombreux portraits ; parmi les meilleurs, on citera Joost Van Brockhorst (Paris, Petit Palais), les portraits d'homme de Berlin, de Copenhague et de Bruxelles ainsi que celui d'un Jeune Homme (1520-1525, Liverpool, Walker Art Gal.). Toutes ces effigies sont remarquables par leur sage distinction, la réserve d'un coloris toujours très subtil. On notera le gris soyeux des gants, qui est bien dans le goût de Gérard de Saint-Jean et de l'école harlémoise du paysage " à la Patinir ", avec de petites figures agitées et caractéristiques du peintre. Tout à fait original reste l'étrange Paysage des Indes occidentales (1542, Haarlem, musée Frans Hals), sans doute la première peinture évoquant le Nouveau Monde, d'une singulière fraîcheur poétique dans sa traduction naïve et inexacte ; l'influence de Patinir se retrouve encore dans le Paysage avec saint Christophe (Anvers, musée Mayer Van den Bergh), qui se situe tout à la fin de la carrière de Mostaert. Dans les tableaux religieux, la leçon, un peu adoucie, de Gérard de Saint-Jean se manifeste avec évidence : Tête de saint Jean-Baptiste (Rijksmuseum), œuvre surchargée de détails ; l'Adoration des mages (id.) ; une belle série de Christ de pitié (Londres, N. G. ; Vérone, Castel Vecchio ; musée de Burgos) ; l'Arbre de Jessé (Rijksmuseum), si naïf et charmant qu'il fut longtemps jugé digne de Gérard de Saint-Jean. L'œuvre clé à partir de laquelle s'est fait le regroupement des tableaux attribués à Mostaert est le triptyque dit " d'Oultremont ", avec une Descente de croix sur le panneau central, peint pour Albrecht Van Adrichem de Haarlem (Bruxelles, M. R. B. A.). Sont encore typiques du charme archaïsant de Mostaert la Sainte Famille de Rome (Palazzo di Venezia) et le triptyque du Jugement dernier (v. 1515) du musée de Bonn.

L'œuvre de Jan Mostaert laisse ainsi une séduisante impression de luxe élégant et de poésie rêveuse malgré et jusque dans son apparente uniformité et son conservatisme latent, qui vient conférer à Gérard de Saint-Jean et aux artistes de l'école de Haarlem un heureux et efficace prolongement en plein xvie s.