Malcolm Morley

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain d'origine britannique (Londres 1931 – New York 2018).

Enfant fasciné par la mer et par les bateaux, dont il construit des modèles réduits, Malcolm Morley travaille dans sa jeunesse sur les navires qui parcourent la mer du Nord. Quelques écarts de conduite lui font connaître la prison, où il commence à peindre. Rendu à la liberté, il étudie la peinture au Royal College of Art de 1954 à 1957. Pendant toute cette période, il peint surtout des paysages. Extrêmement impressionné par une exposition de peinture américaine, il décide de se rendre à New York, où il se fixe définitivement en 1958. Sous l'influence de B. Newman, il passe par une période abstraite et peint des tableaux constitués de bandes horizontales qui évoluent vers le paysage. Il met rapidement fin à ce genre de peinture et, se tournant à nouveau vers le monde maritime, il entreprend, d'après des photographies de presse, une série de batailles navales pour lesquelles il n'utilise qu'une seule couleur. Des cartes postales, des dépliants publicitaires d'agences de voyages montrant des paquebots lui servent ensuite de modèles qu'il reproduit au moyen d'une minutieuse mise au carreau. Une large bordure blanche entourant ces scènes maritimes très statiques accuse l'artificialité de la représentation. L'excessive objectivité de ces images fit classer Morley parmi les hyperréalistes, mais il se distinguait de la plupart d'entre eux par le fait que le document photographique n'était pas projeté et qu'il n'avait jamais recours à l'aérographe. Au début des années 70, il commence à rompre l'unité de la représentation et abandonne progressivement celle de la touche en prenant comme modèles des objets réels tout en restant fidèle à sa méthode de reproduction au carreau. Les catastrophes aériennes ou navales qu'il peint en 1976 expriment cette volonté de porter atteinte à l'unité d'une vision, d'autant plus relative, d'ailleurs, que par la mise au carreau le tableau n'est exécuté que par morceaux successifs.

Lors d'un séjour en Floride de 1977 à 1979, il réalise des aquarelles et des dessins d'après nature (vues de plage et paysages) qui lui serviront d'intermédiaires pour l'exécution de ses peintures à l'huile. C'est donc désormais comme à travers un écran que les modèles en trois dimensions : des objets (très fréquemment des jouets), ou la réalité elle-même sont transposés sur la surface de la toile. Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Marseille, musée Cantini) en 1991 et à Oslo et Madrid en 1996.