Sebastiano Mazzoni

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence v.  1611  – Venise  1678).

Il se forme à Florence dans le cercle de Giovanni da San Giovanni et de Furini, puis dans celui de Cecco Bravo, avec qui il est souvent confondu. De cette première période, il ne reste que quelques œuvres certaines, dont Mars, Vénus et Vulcain (1638, Florence, coll. part.) Un motif, encore inconnu aujourd'hui, contraint Mazzoni à quitter sa ville natale. Sans doute à l'appel de Pietro Liberi, l'artiste se rend à Venise, où il se fixe définitivement entre 1646 et 1648 et où il s'adonne à une double activité de peintre et d'architecte, construisant notamment le palais Liberi sur le Grand Canal. Il date, en 1648, l'admirable pala avec Saint Benoît et la Vierge et l'année suivante Saint Benoît en gloire (église San Benedetto), œuvre qui révèle, en même temps qu'un rapprochement avec l'art de Strozzi, une tendance à la déformation, à la dissolution de la forme en une couleur effrangée et comme animée par un tourbillon, dans un jaillissement brusque de lumière (Annonciation, Venise, Accademia ; la Dispute des Arts, Chaalis, musée Jacquemart-André). Ses interprétations narratives s'éloignent souvent de l'iconographie traditionnelle, suscitant même des controverses, mais elles atteignent une extraordinaire force expressive. Dans la Mort de Cléopâtre ou Loth et ses filles (Rovigo, Accad. dei Concordi), la couleur se dilue et la forme s'étire dans la violence de l'ordonnance en diagonales. Dans le Festin de Cléopâtre (1660, Washington, N. G., Smithsonian Institution), issu cependant des agencements scénographiques complexes fréquemment imaginés et mis en œuvre par Véronèse et traversé par une bourrasque qui semble soulever tous les personnages, la touche et le coup de pinceau se font encore plus moelleux et plus légers. Le même rendu dramatique anime la très belle Élévation de la Croix (Venise, coll. part.), où les figures se découpent sur un ciel vide, tandis que le Portrait de guerrier (Padoue, Museo Civico), dans un élan extraordinaire de fougue baroque, donne la mesure de la verve satirique et de l'exceptionnel pouvoir créateur de l'artiste. .