Maximilien Luce
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Paris 1858 id. 1941).
De milieu modeste, il est, dès 1872, mis en apprentissage chez le graveur sur bois Hildebrand. Ouvrier qualifié en 1876, il est engagé chez E. Froment. L'amitié du peintre Léo Gausson, le soutien de Carolus-Duran, dont il suit les cours du soir à l'Académie Suisse, lui permettent de s'orienter vers la peinture après son service militaire (1879-1883), au moment où l'adoption de la zincographie provoque le chômage des artisans graveurs sur bois. Dès 1887, il expose aux Indépendants et, bientôt reconnu comme l'un des chefs du Néo-Impressionnisme, est invité comme tel au Salon des Vingt à Bruxelles (1889-1892) et à la Libre Esthétique (1895, 1897, 1900). Ami de J. Grave, Luce soutient les journaux anarchistes et socialistes, comme la Révolte, le Père Peinard, l'En dehors, le Chambard, la Voix du peuple, la Guerre sociale, et est enfermé un mois à Mazas, au moment du procès des Trente (1894). Aussi s'est-il engagé d'emblée dans la description réaliste (le Cordonnier, 1884). La découverte de l'art de Seurat, en 1885, et l'adoption d'un Divisionnisme assez rigoureux ne font qu'accentuer cette exaltation du quotidien (la Cuisine, 1888-89 ; le Bain de pieds, 1894,). Paysagiste comme tous ses camarades, Luce peint Paris, la Seine (la Seine à Herblay, 1890, Paris, musée d'Orsay) et se passionne vite pour les sites industriels, voyage à Londres (1892) et, en 1895, visite la région de Charleroi, le " Pays noir ", où il reviendra souvent. Son admiration pour Constantin Meunier le confirme dans sa recherche d'un lyrisme du prolétariat. L'esthétisme abstrait n'a jamais prévalu dans son œuvre : les rythmes précieux observés à Camaret (le Port de Camaret, crépuscule, 1894, États-Unis, musée de Springfield) sont peuplés de travailleurs. L'artiste veut dénoncer l'horreur des travaux et exalter la noblesse de l'homme (la Fonderie, 1899, Otterlo, Kröller-Müller, les Batteurs de pieux, 1903, Paris, musée d'Orsay) avant de perpétuer les épisodes de la Commune (Une rue à Paris, 1905, Mur, 1915 Paris, musée d'Orsay). Négligeant, vers 1900, le Divisionnisme pour une touche impressionniste un peu lâche, il aime, comme tous ses contemporains, paysages et jeux des corps nus dans la nature (Rolleboise, Yvelines), mais reste avant tout le témoin de la cité industrielle et du monde ouvrier. Il est représenté à Paris (musée d'Orsay) et au musée de Mantes (créé par une importante donation de son fils en 1975), ainsi que dans les musées de Nevers (Portrait de Fénéan, 1903), Saint-Tropez, Bagnols-sur-Cèze, Grenoble, Morlaix, Rouen, Saint-Denis (série de peintures).