Maso di Banco

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence, première moitié du xive s. ).

Le problème Maso – Giottino – Stefano

Les recherches tendant à définir la personnalité de Maso ont compté parmi les plus complexes de ces cinquante dernières années dans le domaine de la peinture florentine du xive s. Mais elles ont offert en outre l'occasion d'étudier et d'individualiser d'autres peintres. Ghiberti cite en effet parmi les élèves de Giotto, après Stefano et Taddeo Gaddi, Maso, qu'il loue beaucoup et à qui il attribue, entre autres, les fresques de la chapelle Bardi di Vernio à S. Croce de Florence. D'autre part, certains documents mentionnent un " Maso di Banco " qui peut être identifié avec le Maso de Ghiberti, puisqu'ils concernent les fresques déjà citées de S. Croce, au sujet desquelles ce peintre entra, en 1341, en conflit avec ses clients. Ghiberti lui assigne également une activité de sculpteur. Vasari, par contre, ignore complètement Maso et attribue à Giottino les œuvres que lui assignait Ghiberti. On peut identifier ce " Giottino " comme étant Giotto di Maestro Stefano, qui est signalé un peu plus tard dans le siècle, ce qui doit évidemment le distinguer de Maso, qui appartient à une génération antérieure. En outre, compliquant encore ce problème, certains documents parlent, à propos des œuvres qui oscillent ainsi entre Maso et Giottino, d'un certain Stefano, sans autres précisions.

Après toutes ces confusions, les œuvres respectives de ces trois artistes ont été distinguées par la critique grâce à Offner (1929) ; la personnalité de Maso s'est clarifiée, et son catalogue s'est enfin établi, cohérent dans son unité ; par voie de conséquence en est découlé celui de Giottino. D'autre part, Longhi (1951) a posé les bases de l'identification de " Stefano " dont la personnalité artistique correspond sans doute à la personnalité historique de Puccio Cappana.

Les œuvres de Maso

Pour identifier les œuvres de Maso, on a procédé au moyen d'analogies stylistiques en partant des fresques mentionnées de la chapelle Bardi di Vernio à S. Croce (Florence), représentant des Scènes de la vie de saint Sylvestre et la Résurrection d'un membre de la famille Bardi, et on a réuni tout un groupe cohérent : la lunette peinte à fresque avec le Couronnement de la Vierge, également à S. Croce (Opera del Duomo), un polyptyque dispersé entre Berlin (Madone ; 2 autres panneaux détruits en 1945) et le Metropolitan Museum (Saint Antoine de Padoue), et un autre polyptyque (Madone et 4 saints) à S. Spirito à Florence. Il faut ajouter un petit triptyque portatif (Brooklyn Museum), la Madone à la ceinture (Berlin), le Couronnement de la Vierge (musée de Budapest) et la Dormition de la Vierge (Chantilly, musée Condé), ces 3 derniers petits panneaux constituant peut-être à l'origine le tabernacle de la chapelle de la Ceinture au dôme de Prato. Citons enfin des fragments de fresque avec des têtes de saints et d'anges dans les embrasures des fenêtres de la chapelle du Castel Nuovo de Naples (1329-1332) et d'autres fragments (Héraclius porte la Croix à Jérusalem) à S. Francesco de Pistoia. Maso occupe une place à part parmi les élèves de Giotto, d'autant plus importante que son activité se déroula certainement assez tôt dans la première moitié du siècle. Il eut, en fait, un rôle prédominant dans la formation de peintres tels que Giottino, Giovanni da Milano, Puccio di Simone, Giusto de' Menabuoi, Nardo di Cione. D'autre part, au lieu des échanges culturels dont on parle toujours dans le sens Sienne-Florence, il faudrait sans doute, au contraire, plutôt mettre l'accent sur les Lorenzetti, en particulier sur Pietro.

La peinture de Maso présente deux qualités fondamentales : l'approfondissement des recherches volumétriques de Giotto et la subtilité radieuse de son chromatisme, si vibrant de lumière qu'on a pu appeler Maso le Piero della Francesca du trecento.