Marie Čermínová, dite Marie Toyen

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre tchèque (Prague 1902 – Paris 1980).

Elle fait ses études à l’École des arts et métiers de Prague. En 1922, elle rencontre J. Štyrský, dont elle partagera le destin artistique. En 1925, ils s’installent pour quatre ans à Paris, où ils participent la même année à l’exposition « l’Art d’aujourd’hui ». En 1923, elle adhère au groupe d’avant-garde Devětsil. Ses premières recherches partent du cubisme. En 1925, Toyen s’engage avec Štyrský dans la voie de l’« artificialisme », qui se veut une peinture poétique. Cette période donne des œuvres aussi variées que le Toboggan (1926, musée de Prague), qui représente une tendance vers l’abstraction géométrique, la Fata morgana (1926, Hluboká, Gal. Alès), où la couleur s’émancipe, le sujet du tableau n’étant suggéré que par quelques signes sobres, la Fumée de cigarette (1927), faite d’un tissu immatériel, de lumières et d’ombres. Mais, bien vite, l’artiste abandonne ces féeries pour exprimer, à travers une pâte brute et des textures ravinées, le monde géologique soumis à l’action d’usure des eaux (le Marais, 1928). À partir de 1931, son œuvre se peuple d’objets insolites, flottant dans un espace évocateur de paysages nocturnes ou sous-marins (Gobi, 1931, musée de Hradec Kralové). Le lyrisme y fait place à la plongée dans le subconscient, d’où l’artiste ramène d’obsédantes images. En 1934, Toyen adhère au groupe des surréalistes de Tchécoslovaquie. En 1936, elle exécute, en collaboration avec Štyrský, un cycle de collages fantastiques consacrés à la mémoire du poète K. H. Mácha. Elle en retient la méthode des rapprochements fortuits d’éléments disparates (Rencontre matinale, 1937, id.). Elle sait susciter des visions troublantes par d’autres moyens : mariages suggestifs de l’irréel et du déjà-vu (la Tanière abandonnée, 1937, id.), spectres et fantômes (cycle des Fantômes du désert, 1937). L’atmosphère d’angoisse de ses œuvres ira s’amplifiant pour atteindre au paroxysme dans le cycle Cache-toi, guerre ! (1944), vision d’un monde dévasté et dépeuplé. Ce climat inquiétant se prolonge dans les œuvres d’après-guerre, où cependant résonnent des accents d’espoir, comme dans l’Avenir de la liberté (1946) ou dans le Chant du jour (1950). Installée en France après son exposition de 1947, à la gal. Denise René, Toyen a participé à toutes les expositions internationales du surréalisme.