Marco di Antonio di Ruggero, dit Marco Zoppo
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (Cento 1433 – Venise 1478).
Il fit ses débuts à Bologne, mais, attiré à Padoue, sans doute par le renom de Mantegna, il devint v. 1453 l'élève de Squarcione (la signature de la Madone du Louvre mentionne cette allégeance), qu'il quitta deux ans après, à la suite d'un différend. Ce n'est d'ailleurs pas dans l'atelier de ce maître à la réputation douteuse qu'il fit ses expériences les plus marquantes : le climat culturel de Padoue, par la présence de Mantegna et sa réceptivité aux nouveautés toscanes, fournit une base solide à la formation de Zoppo. Celui-ci séjourna à Venise entre 1455 et 1460 env. et retint tout au long de sa carrière la leçon du colorisme vénitien. C'est à Bologne, où il retourne de 1461 à 1468, que son style atteint la maturité : ses rapports avec Mantegna sont évidents, mais son trait plus fluide et sinueux, ses couleurs aux nuances délicates révèlent sa formation bolonaise, ses expériences vénitiennes (il revient à Venise de 1468 env. à 1478) et enfin ses rapports avec la grande culture ferraraise : le grand retable à compartiments représentant la Vierge parmi des saints au Collegio di Spagna à Bologne (exécuté entre 1461 et 1468) est son œuvre la plus importante. Parmi les autres peintures incontestables, on peut citer un Crucifix au monastère de S. Giuseppe à Bologne, une Pietà à Londres (N. G.), des Madones (musée d'Altenburg ; Washington, N. G.), Saint Jérôme pénitent (Bologne, P. N.), des panneaux avec des Saints à mi-corps provenant d'un même retable (Londres, N. G. ; Oxford, Ashmolean Museum ; Washington, N. G. ; Baltimore, W. A. G.), et surtout un grand retable peint à Venise en 1471 pour l'église S. Giovanni de Pesaro (la Vierge et l'Enfant avec quatre saints dans un paysage, musées de Berlin ; le Christ de pitié du musée de Pesaro faisait partie sans doute de ce retable). Zoppo est aussi l'auteur de dessins nerveux et d'une saisissante puissance plastique, qui comptent parmi les plus remarquables du quattrocento (Hambourg, Kunsthalle ; Louvre ; Francfort, Städel. Inst. ; British Museum ; Munich, cabinet des Dessins ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum).