Nicolas Bernard Lépicié

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Paris 1735  – id. 1784).

Fils de François Bernard Lépicié, auteur des Vies des premiers peintres du roy et du Catalogue raisonné des tableaux du roy (1752-1754), et de Renée-Élisabeth Marlié, tous deux graveurs, il fut élève de C. Van Loo. Agréé en 1765 à l'Académie avec Guillaume le Conquérant (Caen, lycée Malherbe), il fut reçu en 1769 avec Achille instruit par le centaure Chiron (musée de Troyes). Les sujets d'histoire, qu'il traite plus particulièrement à partir de 1767, et les scènes familières, exécutées surtout au début de sa carrière, sont les deux genres qu'il pratiqua. Un coloris clair, de larges empâtements aux rehauts lumineux, des compositions en diagonale héritées de Carle Van Loo, comparables à celles de Doyen, caractérisent ses premières grandes toiles : Martyre de saint André (1771, abbaye Saint-Riquier, près d'Abbeville). Un peu plus tard, l'expression des attitudes s'apaisa et la composition rappelle davantage les recherches de ses contemporains néo-classiques (Regulus sort de Rome pour se rendre à Carthage, 1779, musée de Carcassonne), cependant que ses œuvres purement décoratives (Narcisse, 1771 ; Adonis, 1782, exécutées pour le Petit Trianon) restent beaucoup plus fidèles à la tradition de la peinture claire des œuvres de Boucher ou de J.-F. de Troy.

Mais Lépicié dut surtout sa renommée à ses portraits et à ses scènes de genre, dont le réalisme tranquille, la délicatesse des harmonies dans des tons chauds rompus de gris, la plasticité des personnages et des objets permettent d'évoquer le nom de Chardin. Plus sensible au détail anecdotique, au modelé savoureux, Lépicié atteint cependant à une portée humaine moindre : le Lever de Fanchon (1773, musée de Saint-Omer). Son œuvre, trop étudiée (Carle Vernet, 1772, Louvre ; Émilie Vernet, Paris, Petit Palais), perd ainsi en monumentalité et se situe à mi-chemin entre la dignité de Chardin et la peinture d'esprit littéraire de Greuze : l'Enfant en pénitence (musée de Lyon). À la fin de sa vie, Lépicié s'attache à décrire des scènes champêtres ou urbaines, qui semblent influencées par l'esprit d'un Téniers : la Douane (1775, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), Cour de ferme (1784, Louvre).