Louis Cane
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Beaulieu-sur-Mer 1943).
Il fréquente l'École des arts décoratifs à Nice, puis à Paris, et commence à peindre en 1966-67 (papiers peints découpés et collés). Suivent en 1968-69 toiles et papiers portant l'empreinte d'un cachet-tampon répétant sur toute la surface " Louis Cane artiste peintre ", procédé quelque peu néo-dadaïste auquel devait faire place une réflexion plus féconde sur la peinture. Cane s'inspire à la fois des nouvelles expériences de l'espace et du corps, instaurées par Pollock et l'Expressionnisme abstrait, et de la réduction géométrique opérée par Newman, Rothko, Reinhardt. Mais, à ces sources communes à bien des peintres depuis la fin des années 60, il ajoute une critique théorique qui, loin de se figer dans le dogmatisme, s'attache à des œuvres apparemment aussi éloignées que la peinture chinoise ou celle de Poussin. Louis Cane a actualisé la dialectique du mur et du sol en peignant des toiles de grandes dimensions, toutes présentées à terre (Paris, gal. Yvon Lambert, 1972), ou faisant la liaison sol et mur (1971). La couleur recrée l'unité de vision ainsi rompue ; couleur monochrome, pulvérisée à distance et modulée par le dégradé, " moyen qui permet d'excéder picturalement la limite réelle du tableau " (L. Cane, 1976). La couleur de Cane est en effet d'une rare extensibilité ; refusant l'aplat, elle est en cela plus proche de celle de Cézanne et de celle des orientaux que de celle de Matisse et des abstraits américains (il a très bien pu dire, dans une tournure quasi cézannienne : " La peinture procède du dessin de la forme vers la couleur de celle-ci "). Se référant constamment à l'histoire de la peinture, il transcrit les formes ou les structures de certaines œuvres dans un ensemble de toiles de grand format (1974-1976), sobres et au coloris assourdi (Peinture, 1974, musée de Grenoble). Après de grandes toiles abstraites à thème souvent religieux (Arche avec ange, 1977), l'œuvre évolue vers une peinture où la matière picturale s'inscrit dans une touche expressionniste et maniérée (Nymphéas, 1993 polyptyque peint à l'huile sur grillage). Créant un " réseau de confidences et de filiations permanentes ", Cane reprend les modes stylistiques de quelques grands maîtres du xxe siècle, en particulier dans le traitement du corps humain : Picasso (le Déjeuner sur l'herbe, 1983, Antibes, musée Picasso) ou De Kooning (Deux Femmes accroupies, 1985). En 1985, il présente trois grands tableaux sur le thème du Déluge, dont un Hommage à Paolo Uccello (gal. Templon). Exposant de Support-Surface et fondateur de Peinture, cahiers théoriques, Cane a montré ses œuvres à Paris à partir de 1969 gal. Givaudan puis gal. Yvon Lambert (1971-72) et gal. Templon (presque annuellement de 1970 à 1985) ; il a fait l'objet d'une exposition à Paris (M. N. A. M.) en 1977 et au musée de Toulon en 1987.