Peter Klasen

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Lübeck  1935).

Il suit les cours de l'Académie des beaux-arts de Berlin de 1956 à 1959 et arrive à Paris la même année. Très vite, il acquiert une maîtrise dans le choix d'une facture lisse, impeccable, quasi photographique, qui lui permet d'appréhender une réalité d'un modernisme agressif et froid qui a justifié son insertion dans la figuration narrative française, dont il est l'une des figures les plus importantes. Il s'est manifesté dans maints groupes où était tentée une mise en situation de cette figuration narrative qui s'est, peu à peu, substituée à l'Abstraction : Mythologies quotidiennes, Royal Garden Blues, la Bande dessinée.

Dans des compositions très simplifiées, mettant généralement en contact deux éléments de la réalité qui se détruisent (le marteau piqueur + le buste féminin, la lame de rasoir + la bouche), il crée, selon Gilbert Lascault, " des blasons modernes, emblèmes sans code ", d'une lecture cependant aisée. Il pratique, en somme, l'addition et la coupure d'éléments et fragments d'une réalité qu'il a choisie de préférence " froide ", sinon clinique. D'où cette facture minutieuse, préfiguration de l'Hyperréalisme, pour mettre en scène des objets fonctionnels : lavabos, interrupteurs, téléphones, marteaux, rasoirs, glaces, vêtements de cuir, calandres de voiture, qui cernent la femme-objet, belle et irréelle comme une cover-girl.

Face à face ou Zone interdite (Paris, M. N. A. M.) résument bien cet univers de série noire d'un érotisme impeccable et glacial. L'œuvre de Klasen a fait, en 1971, l'objet d'une rétrospective à Paris, au M. A. M. de la Ville, suivie, en 1987, d'une autre dans diverses villes de France. Avec ses Camions-bennes gris (1974, Paris, M. N. A. M.), l'artiste s'oriente vers un strict réalisme photographique, proche de l'illusionnisme, intègre dans ses œuvres matériaux et objets divers et lumière électrique (PK, 1989 ; Passage interdit, 1990).