Joseph Werner

dit le Jeune

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre suisse (Berne 1637  – id. 1710).

Il est le seul représentant suisse de la peinture d'histoire baroque qui fleurit dans toutes les cours d'Europe. Son œuvre, qui se limite aujourd'hui à 60 dessins, miniatures et tableaux, ne présente pas d'unité stylistique évidente, mais se rattache à différentes tendances internationales. Élève de Merian à Francfort, il résida à Rome pendant dix ans à partir de 1654 et, disciple de Sacchi, de Maratta et de P. da Cortona, il se spécialisa dans la miniature (scènes mythologiques et allégoriques, portraits), où il réussit grâce à son étonnante habileté technique et où il acquit une telle célébrité qu'en 1662 il fut appelé à la cour de Louis XIV (le Char d'Apollon ; Apollon tuant Python, Louvre). Dans la miniature de Diane au repos (Zurich, Landesmuseum), peinte à Paris, Werner emprunte les modèles à la tradition d'Elsheimer, de Maratta et du style de cour français. Le style de Poussin, qu'il admirait déjà à Rome, continue à l'influencer. En 1666-67, il est installé à Augsbourg et travaille pour les cours de Munich (Thétis, Résidence), Innsbruck, Vienne, Mannheim, Stuttgart. À côté de ses œuvres à l'harmonie classique, il dessine des sujets pittoresques de sorcières et de chercheurs de trésors (Chercheurs de trésors et monstre, Hambourg, Kunsthalle) que l'on retrouve chez Schönfeld, à Augsbourg au même moment que Werner, et chez Sandrart, sûrement inspirés par Salvator Rosa et Castiglione. L'héritage suisse d'Urs Graf n'y est sûrement pas étranger. En 1682, il est de nouveau à Berne et fonde dans cette ville une petite académie privée qui sera déterminante pour la peinture bernoise durant plusieurs générations. En 1695, il est appelé à Berlin comme peintre de la Cour et pour remplir les fonctions de premier directeur de l'Académie des beaux-arts que le prince électeur projetait de fonder ; cependant, des désaccords l'obligèrent à retourner dès 1707 dans son pays natal. Excellent miniaturiste par la précision du dessin et le raffinement de la couleur, l'artiste est moins heureux dans le tableau de chevalet à l'huile. Le musée de Berne conserve plusieurs de ses œuvres, notamment un Autoportrait. S'il a connu la célébrité en son temps en Europe, il n'est pas étonnant qu'il ait été méconnu par ses compatriotes de la Suisse démocratique, réfractaire à ses compositions inspirées de la glorification princière (Allégorie de la Justice, Allégorie de Berne pour l'hôtel de ville de Berne). Tombé assez vite dans l'oubli, il est aujourd'hui davantage apprécié grâce à la monographie de J. Glaesner.