Johann Oswald Harms

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Hambourg  1643  – Brunswick  1708).

Selon L. Ch. Sturm (Notes de voyages, 1701), son importance est capitale pour la peinture monumentale et décorative de l'Allemagne du Nord et du Centre ; et il serait sans égal en Allemagne avant le séjour du père Pozzo dans les pays germaniques. Fresques et décors de scène, soumis au même illusionnisme, représentent l'essentiel de son œuvre. Toutes ses fresques des palais résidentiels sont perdues, à l'exception des panneaux de balustrades de l'église du château de Weissenfels, mais les centaines d'aquarelles et de dessins de Brunswick (Herzog Anton Ulrich-Museum) témoignent de l'étendue de son travail ; 118 projets de fresques sont datés et annotés par l'artiste. Seules 2 peintures à l'huile sont documentées avec certitude (Ruines fantastiques, 1673, et Paysage d'hiver, 1674, tous deux à Hambourg, Kunsthalle), bien que le registre de vente du peintre Rauch, à Vienne, compte en 1673 11 tableaux. Son activité de décorateur est attestée par un certain nombre d'esquisses et surtout par le recueil de gravures du ballet des Planètes (1678), représenté à l'occasion de la rencontre des princes à Dresde. À l'origine de son illusionnisme, on rencontre le cercle romain de P. de Cortone et la peinture quadraturiste de l'Italie du Nord. La recherche d'effet spatial l'emporte sur la représentation figurée, qui n'apparaît que de façon secondaire, ornementale, dans les grandes architectures en trompe-l'œil. Harms renouvelle l'art des perspectives en trompe-l'œil grâce à des échappées asymétriques ; ce procédé, qui trouvera son épanouissement à la fin du Baroque, est exploité dans le Sacrifice d'Iphigénie et l'Architecture fantastique de Weissenfels.

Pour l'ermitage de Salzdahlum, Harms peignit surtout des paysages des forêts du Nord. Grâce à l'importance primordiale de la présentation architecturale et paysagiste de l'espace, à laquelle le personnage est assujetti, il découvrit des solutions inédites, surtout en scénographie, où, le premier, il employa l'axe diagonal. Ses paysages révèlent l'empreinte de Rome, où il fit un séjour dans les années 1670 et fut influencé par les paysages et les ruines de S. Rosa. Par leur conception, leur poésie discrète et préromantique, ils rappellent aussi ceux d'Ermels et d'Umbach.