Joachim Wtewael ou Joachim Wittewael
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre néerlandais (Utrecht v. 1566 – id. 1638).
Élève de Joos de Beer à Utrecht, il partit jeune pour la France, où sa présence est attestée de 1588 à 1592 à Saint-Malo. Il put ainsi connaître le Maniérisme de l'école de Fontainebleau, bien qu'aucune œuvre de cette période française ne soit conservée. Il partit ensuite pour l'Italie. En 1592, de retour à Utrecht, il devint, avec Bloemaert, le chef de file de l'école maniériste, dont l'évolution fut sensiblement parallèle à celle du milieu harlémois, où travaillaient Van Mander, Goltzius et Cornelis Van Haarlem. Comme tous les maniéristes des Pays-Bas du Nord, Wtewael a été marqué de façon décisive par Spranger, sur l'exemple de qui il enchérit. De cette époque datent l'étonnante Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste, qui fut par erreur attribuée à Goltzius (musée d'Amiens), tableau d'une conception toute sprangérienne, mais traité avec un coloris acide et un dessin convulsé, et la Résurrection de Lazare (musée de Lille), œuvre exacerbée où se retrouvent certains souvenirs de Bassano. Ce Maniérisme agressif se poursuivit jusque v. 1600 avec l'Adoration des bergers (musée d'Utrecht), pour s'adoucir par la suite et se transformer en un style teinté d'Académisme. Par exemple, les Noces de Thétis et Pélée (1602, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), tableau plus calme que celui du musée de Nancy sur le même thème, annoncent la facture lisse et froide de la dernière manière du peintre : Jugement de Pâris (1615, Londres, N. G.). De 1592 à 1600 env., la production de Joachim Wtewael fut très féconde, mais celui-ci n'évolua guère et prolongea le Maniérisme tard dans le xviie s., alors qu'à Utrecht même florissait le mouvement caravagesque (Saint Sébastien, 1600, Kansas City, Nelson Atkins Museum of Art ; Loth et ses filles, v. 1610, Ermitage ; Persée délivrant Andromède, 1611, Louvre). À côté de ses compositions religieuses et mythologiques, qui se prêtaient par leurs sujets à un traitement outrancier sinon exacerbé, trait fondamental du Maniérisme ultime du xvie s., Wtewael a peint quelques portraits inattendus et des Natures mortes (musée d'Utrecht), qui témoignent de la diversité de ses préoccupations et de la virtuosité de sa technique, caractère qu'il possède en commun avec Bloemaert, et qui est encore l'une des constantes fondamentales du Maniérisme.