Jean-Baptiste ou Jean III Jouvenet

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Rouen 1644  – Paris  1717).

Il est le principal membre d'une famille de peintres et de sculpteurs installée à Rouen, mais dont plusieurs membres travailleront à Paris, où il vint lui-même vers 1661. Sans aller jamais en Italie, il se forma dans l'admiration de Poussin et collabora aux entreprises de Le Brun, au moins à partir de 1669 (à Saint-Germain, aux Tuileries, au grand appartement de Versailles : salon de Mars, 1673-74 et 1678, décor conservé, mais repeint). En 1673, il peignit le May de Notre-Dame (Jésus guérissant le paralytique, perdu, mais gravé) ; en 1675, il fut reçu à l'Académie (Esther et Assuérus, musée de Bourg-en-Bresse). Son œuvre de jeunesse, formée surtout de plafonds mythologiques, aujourd'hui disparus, est mal connue. On peut en trouver des témoignages dans la Famille de Darius (Paris, lycée Louis-le-Grand), la Fondation d'une ville en Germanie par les Tectosages (1684-85, musée de Toulouse) et le Départ de Phaéton (musée de Rouen), où la leçon de Le Brun est transposée dans un langage lyrique.

Vers 1685, il se consacre surtout à la peinture religieuse (Annonciation, musée de Rouen), dont il devient le plus grand spécialiste français. Il place ses œuvres les plus importantes dans les églises parisiennes : Jésus guérissant les malades pour les Chartreux (1689, Louvre), Martyre de saint Ovide (1690, musée de Grenoble) et Descente de croix pour les Capucines (1697, Louvre), 4 toiles géantes (la Pêche miraculeuse, la Résurrection de Lazare, Louvre ; les Marchands chassés du Temple, le Repas chez Simon, musée de Lyon) pour Saint-Martin-des-Champs (1703-1706, répétitions pour la tapisserie à partir de 1711, aux musées de Lille, d'Amiens et d'Arras), Magnificat (1716, à Notre-Dame). Il exécute des œuvres importantes pour des couvents ou des églises de province : Louis XIV guérit les scrofuleux pour l'abbaye de Saint-Riquier, le Christ au jardin des Oliviers (1694, musée de Rennes) pour Saint-Étienne de Rennes, l'Éducation de la Vierge (1699, église d'Haramont) pour l'abbaye de Longpré, la Déposition de croix (1708, Saint-Maclou de Pontoise) pour les jésuites de Pontoise, le Centenier aux pieds du Christ (1712, musée de Tours) pour les récollets de Versailles, la Mort de saint François (musée de Rouen) pour les capucins de Rouen. Il peint aussi quelques toiles mythologiques pour le Grand Trianon (2 en place : Zéphyre et Flore, 1688-89 ; Apollon et Thétys, 1700-1701), Marly et Meudon (Latone et les paysans de Lycie, 1700-1701, auj. au château de Fontainebleau), mais surtout de grandes décorations pour le parlement de Rennes (1694-95, conservées ; esquisse pour le Triomphe de la justice au Petit Palais à Paris), pour le dôme des Invalides (1702-1704, fresques dégradées ; esquisses des Douze Apôtres au musée de Rouen), pour la chapelle de Versailles (Pentecôte, 1709, conservée), pour le parlement de Rouen (œuvre détruite ; esquisses du Triomphe de la justice aux musées de Rennes et de Grenoble). La fin de sa vie est assombrie par une paralysie qui le force à peindre de la main gauche. Son art est fondé sur un vif sens du réel, bien visible dans ses dessins (Stockholm, Nm) et ses portraits (Raymond Finot, Louvre), et sur l'emploi d'une pâte riche dans un coloris simplifié, qui lui permettent de rajeunir la tradition classique, à laquelle il reste très attaché. Jouvenet est représenté par un bel ensemble de peintures (parmi lesquelles son Autoportrait) et de dessins au musée de Rouen.