James Gillray
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Caricaturiste britannique (Chelsea 1756 – Londres 1815).
Après avoir été l'élève d'une école morave à Bedford, il fit son apprentissage auprès de Harry Ashby, spécialisé dans la gravure d'armoiries sur argenterie. Une légende, peu fondée, veut que Gillray ait fait alors partie d'une bande de comédiens itinérants. En 1778, en tout cas, il fréquentait les cours de dessin de la Royal Academy. Ses premières gravures n'étant pas signées, il est par conséquent difficile de reconstituer son œuvre avant 1780.
Il reçut des commandes d'un marchand d'estampes, William Humphrey, qui devait par la suite assurer la diffusion de ses caricatures. En 1784, il grave l'illustration du Deserted Village de Goldsmith ainsi que le portrait du Dr Arne d'après Bartolozzi ; il n'est d'ailleurs pas impossible qu'il ait travaillé chez ce dernier pendant quelque temps. Ses premières caricatures apparaissent en 1788.
À l'encontre de Rowlandson, la vie et les mœurs de la société n'intéressent pas Gillray, qui consacre tout son œuvre de caricaturiste au monde politique ; soucieux d'une certaine moralité, il apprécie peu les mœurs dissolues des princes de la maison de Hanovre ni le gouvernement de leur ministre William Pitt. Il ridiculise dans The Morning after Marriage ou A Scene on the Continent le mariage clandestin du prince de Galles avec Mme Fitzherbert. Xénophobe, il exagère et diffuse les extravagances de la Révolution française.
Patriote, son activité atteint une sorte d'hystérie avec la menace de débarquement que fait peser Bonaparte sur les îles Britanniques : ce sont les Consequences of a Successful French Invasion en 1798. Il reprend ensuite le mythe du Napoléon ogre se découpant une tranche du globe, comme dans The Plumb-pudding in Danger (1805). Ses dernières caricatures datent de 1811. Au début, il enlève directement son sujet sur sa plaque de cuivre, puis, vers 1792, il commence à multiplier les études préparatoires et soigne le texte de ses légendes. Le British Museum conserve un nombre important de ses dessins.
Avec son trait cassant et brutal soulignant le grotesque, Gillray fut le premier caricaturiste anglais à laisser présager l'esprit du " cartoon " contemporain.