Jacques Courtois

dit il Borgognone

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Saint-Hippolyte, Doubs, 1621  – Rome 1675).

Arrivé vers l'âge de quinze ans en Italie, Courtois y fera toute sa carrière. Un temps soldat dans les troupes espagnoles, il étudie ensuite la peinture sous des maîtres obscurs, passe à Bologne, où il rencontre le Guide et l'Albane, à Florence, où il travaille avec Asselijn, puis à Sienne, où les sources le disent élève d'Astolfo Petrazzi. Vers 1640, il arrive à Rome, où il peint à fresque un plafond au couvent de S. Croce in Gerusalemme. Il fréquente le milieu des " Bamboccianti " ; sous l'influence de Cerquozzi et probablement de Salvator Rosa, dont la première Bataille connue est datée 1637, Courtois se spécialise dans la peinture de batailles, dont il deviendra le plus célèbre représentant en Europe, alors que son frère Guillaume, dans l'orbite de Pierre de Cortone, se consacrera plutôt à la peinture religieuse.

Bien que la chronologie soit peu sûre (Courtois n'a presque jamais signé ou daté ses œuvres), ses premiers tableaux connus (Rome, Gal. Doria Pamphili et Gal. Capitoline) le montrent très proche des Bamboccianti comme Van Laer, Miel ou Cerquozzi, peignant avec timidité et précision, dans des mises en page traditionnelles où le groupe principal est placé sur un premier plan surélevé et la bataille reléguée au fond. Dans les années 1650, Courtois voyage ; il est employé à deux reprises (1652 et 1656-57) par Mathias de Médicis, gouverneur de Sienne (4 grandes Batailles, Florence, Pitti), séjourne à Fribourg (1654-55), à Venise (peintures pour le palais Sagredo, en partie conservées dans la coll. Derby et à la Gg de Dresde). De retour à Rome, il entre dans l'ordre des Jésuites (décembre 1657) et continue à peindre des œuvres religieuses (fresques au Collegio Romano, 1658-1660 ; Martyre des quarante pères jésuites, Rome, Quirinal) et surtout des batailles, d'un format souvent important et librement exécutées (plusieurs à Munich, Alte Pin.). On lui doit la formule nouvelle du genre : au lieu des vues à vol d'oiseau minutieusement topographiques, au lieu des combats en frise, que la Renaissance avait empruntés aux bas-reliefs antiques et qu'affectionnaient encore A. Falcone et même S. Rosa, c'est une escarmouche de cavalerie à l'intérieur de laquelle le spectateur est entraîné. Courtois excelle à placer ces combats dans de larges paysages où la fumée des pistolets se fond dans des nuages délicatement colorés, qui peuvent même devenir le véritable sujet du tableau (Paysage avec voyageurs, Vaduz, coll. Liechtenstein). Il est aussi l'auteur de quelques estampes, de beaux dessins à la plume et au lavis de bistre (Louvre, British Museum, presque tous signés d'une croix). Si le nom de Courtois, à cause de son influence sur le développement du genre en France (Joseph Parrocel) et en Italie (Monti, Simonini), est facilement accolé à toute peinture de bataille, ses œuvres authentiques sont d'une haute qualité et justifient l'immense réputation qu'il eut de son temps et qu'attestent encore ses biographes du xviiie s., Pascoli et Dezallier d'Argenville.