Arnold Houbraken

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et historien d'art néerlandais (Dordrecht 1660  – Amsterdam 1719).

Élève de Hoogstraten dès 1674 au moins et cela jusqu'à la mort de ce peintre, lui aussi historien d'art, en 1678, Houbraken devient la même année membre de la gilde de Dordrecht, où il réside jusqu'en 1709-10, pour s'établir ensuite à Amsterdam. Ses tableaux, qui se situent dans une bonne tradition académique, entre Verkolje, Gérard Dou et Werff, sont lisses, soigneux, froids, mais sans âme ni foncière originalité. Citons comme exemple typique l'Atelier de peintre (Rijksmuseum), où un nu féminin vu de dos constitue sur un mode volontairement mineur et précieux la grande tradition classicisante d'un Jacob Van Loo dans son Coucher à l'italienne du musée de Lyon. Plus considérables, ne serait-ce que par le nombre, sont ses travaux de graveur d'illustration, notamment pour les ouvrages de Hoogstraten et pour une Bible aux planches dessinées par Houbraken lui-même ainsi que par Hoet et Picart. Dans ces tâches, Houbraken se fit souvent aider par son fils Jacob, qui acheva ainsi l'illustration de la Grote Schonburgh der Nederlandische Konstschilders en schilderessen (le Grand Théâtre des artistes et peintres néerlandais), parue en 3 tomes de 1718 à 1721 et qui est en fait le titre de gloire de Houbraken. Cet ouvrage historique, extrêmement précieux par maint renseignement pris aux sources mêmes, a été expressément conçu et voulu par l'auteur comme une continuation du fameux Schilderboeck de Van Mander, qui s'arrêtait à la date de 1604. Souvent amoindri par de menues mais fréquentes erreurs de dates ou de faits, ainsi que par une propension à l'anecdote plus ou moins complaisante, selon une tendance alors uniformément répandue (de Vasari à Roger de Piles), le livre de Houbraken doit son importance à la quantité de contrefaçons ou de démarquages qu'il subit (Descamps, Immerzel [1808-1886], Van Gool [1685-1763 ou 1765], Campo-Veyermann) et qui ont constitué longtemps notre seule source d'information sur la peinture nordique après Van Mander et avant les défrichages érudits du xixe s., inaugurés par Kramm, Kolloff, Scheltema, Vosmaer, Thoré-Bürger, Havard et si brillamment continués par Bredius et Hofstede de Groot. Aussi bien a-t-il nécessité de nombreuses rééditions (dès 1753) et traductions (l'une des plus accessibles et sérieuses, bien que partielle, est celle de Wurzbach [1880]). En 1893, enfin, Hofstede de Groot publia une étude critique des sources (Houbraken utilisait souvent Sandrart, Bellori et Roger de Piles) et des renseignements de fait contenus dans la Grote Schonburgh, qui permit enfin d'utiliser à bon escient ce fameux ouvrage et qui constitue un monument d'érudition et de méthode " philologique " qui a fait date dans l'élaboration de l'histoire de l'art.

Son fils cadet Nicola (Messine, v. 1660– Livourne 1723) fut un peintre de fleurs italianisant.