Maître Honoré

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (documenté de 1288 à 1296).

Le nom de ce célèbre enlumineur parisien est révélé par plusieurs textes : un Décret de Gratien, signé et daté de 1288 (bibl. de Tours, ms. 588), le registre de la Taille de 1292, des comptes royaux de 1296. On sait ainsi qu'il habitait à Paris, rue Boutebrie, qu'il avait des aides et travaillait pour le roi Philippe le Bel. Son atelier semble avoir produit un certain nombre d'ouvrages de style voisin, exécutés en collaboration, alors qu'on attribue à la main du maître lui-même certains morceaux de qualité supérieure, telles la page initiale du Décret de Gratien déjà cité, celle du Bréviaire de Philippe le Bel (Paris, B. N., lat. 1023) ou bien la décoration complète d'une Somme le Roy (Cambridge, Fitzwilliam Museum et British Museum). Le style d'Honoré s'inscrit dans la tradition parisienne : le raffinement des couleurs, le goût des lignes souples, l'élégance des attitudes, le mouvement et l'équilibre des scènes rappellent les œuvres les plus accomplies du milieu du siècle. Mais Honoré est aussi un novateur : il tente de modeler les corps et les plis par des contrastes d'éclairage et de faire sortir ses personnages de l'univers à deux dimensions. Parfois même, dans le souci de rendre plus correctement la vie, il situe la scène d'une manière précise et exprime les sentiments de ses héros (la Souffrance de Goliath blessé par David). Honoré influencera tout l'art parisien, du début du xive s. jusqu'à Pucelle.